014 – Chronique/interview d’artiste: Serge NOKIN – « Totem Tikis » (30 ans d’art) Huy

Serge NOKIN est natif de Huy (1969) et y vit depuis toujours. Il est un personnage à lui seul, incarnant son Art qui est réellement devenu son identité depuis près de trente ans.

Issu de l’institut « Saint-Luc » à Liège (enseignement rénové), Serge crée depuis toujours. Instinctif, il se dévoile au public, exprimant sa « rage » intérieure et son Art à l’aide d’une tronçonneuse qu’il manie avec dextérité sur des troncs d’arbre bruts (chêne) qu’il transforme en oeuvres… Il me confia aimer l’odeur que dégage le bois lorsqu’il le travaille…

Les masses de bois sont creusées de sillons par l’artiste qui sublime la matière noble en figurant des personnages imposants issus de son imagination…

Une de ses premières oeuvres travaillée en « live » à Huy fut un tronc d’arbre mort enraciné sur un talus herbeux situé avenue des Croisiers à Huy (face à l’école Saint-Louis). Cette oeuvre baptisée « Jack Dutronc » (l’artiste ne manque pas d’humour…) fut inaugurée par la Bourgmestre A-M LIZIN et offerte par Serge à l’espace public en échange d’un lieu de travail « out door » partagé avec d’autres créatifs, à la « Maison à la Tour » (vendue depuis lors) située non loin de là dans le « Vieux Huy » historique.

Une de ses oeuvres majeures dans cette technique fut baptisée « Totem moi non plus« , en hommage à Serge Gainsbourg qui a le même prénom, qui a chanté « 69 » (son année de naissance) et dont il a peint plusieurs portraits. Mesurant 4,2mètres de hauteur, ayant un diamètre de 1 mètre et une masse de plus de 3,5 tonnes, cette imposante sculpture à trois facettes fut une commande de la Ville de Huy. Elle est implantée et exposée de manière permanente au carrefour de l’avenue du Hoyoux, de la chaussée Saint-Mort et de la Rampe D’Orval (cf photos ci-dessous). Elle fut inaugurée le 27 septembre 2006 par la Bourgmestre de Huy de l’époque, madame Anne-Marie LIZIN,  qui mit à l’honneur plus d’un artiste hutois durant son mandat de 26 années.

Lors de notre entretien téléphonique de 45 min (confinement lié au Coronavirus), Serge me confia que ce lieu était important pour lui qui était né à l’hôpital « Reine Astrid » (CHRH actuel), et qui avait fréquenté l’école communale de « Huy Sud » (avenue du Hoyoux) lorsqu’il était enfant.

Donnant l’image d’un bûcheron-artiste, selon certains, Serge NOKIN veut alors démontrer que pour réaliser de telles sculptures, il faut savoir maîtriser d’autres techniques que sont le dessin et la représentation en trois dimensions dans l’espace, notamment. C’est alors qu’il dévoilera son art de la peinture au style « Pop Art » que d’aucuns appellent à tort, à mon sens, « psychédélique » (terme qui évoque une perception influencée par l’usage de psychotropes).

Travestissant des objets de consommation issus de la vie quotidienne, Serge les rend uniques en les utilisant comme support, ce qui est caractéristique du « Pop Art » (années 50-60). Il a ainsi de même « Customisé » sa veste en cuir, sa voiture (« une Coccinelle »), ci-dessus un piano, un mannequin d’exposition textile, etc…

Je dirais que cette technique est esthétique, ironique et antagoniste, ce qui en fait tout son charme (cf ci-dessous une tête de « Christ » sur laquelle on aperçoit une tête de mort, ce qui peut paraître un peu « Trash »).

Mais au fait, Serge, pourquoi « Goldorak »? (il en possède une collection, de ces « Shogun »).  Il a toujours aimé ça, c’est un reste de l’enfance sans doute, il ne sait pas vraiment. « C’est mon côté naïf« , ironise-t-il…

Le terme « Shogun » signifierait, en gros, « Grand maître pacificateur des barbares« , ce qui pourrait expliquer cette passion…

Un autre aspect remarquable de l’oeuvre de Serge NOKIN, ce sont ses portraits. Salvador DALI, Serge GAINSBOURG, Jimi HENDRIX, Johnny DEPP (Edouard aux mains d’argent), Harry POTTER, entre autres, sont passés sous les pinceaux de l’artiste qui décidément compte plusieurs cordes à son arc, pour le plus grand plaisir des yeux du spectateur…

Sa ville natale, Huy, fut elle aussi mise à l’honneur, ce qui n’a rien d’étonnant venant de ce « Titi » local…

Serge NOKIN est donc un artiste qui, même pour ceux qui ne le connaissent pas, attire l’attention par son « aura »son style vestimentaire qui est complètement raccord avec son identité artistique… Il me dira enfin: « Je m’habille souvent en noir, c’est vrai, mais je suis très coloré à l’intérieur… »

Cela est très révélateur de l’homme, que je connais un peu depuis de nombreuses années, et qui se qualifie de solitaire mais qui est surtout humble et réservé…

Il « EST » son Art, le vit, et ne s’affiche pas, ce qui le rend éminemment sympathique et original au sens noble du terme… L’anticonformisme peut être revendiqué de différentes manières et celle que Serge a choisie est une version assumée mais noble. Une fois encore, l’Art est une proposition et non une imposition…

Un artiste aussi singulier, aussi « vrai » et faisant partie du patrimoine local, ne passe pas inaperçu, ce qui m’a inspiré cette chronique. Nous vivons une époque où nos cerveaux saturés d’informations peuvent trouver une forme d’exutoire dans la création, la contemplation, sans besoin de justification…

Serge NOKIN exposera certaines de ses oeuvres en mai prochain (2020), lors du parcours d’artistes, à Huy (Eglise St Mengold). Pour en découvrir plus, vous pouvez consulter son Facebook sous le pseudo « Totem Tikis ».

Sous le lien YouTube suivant, vous pourrez visionner un court film sur Serge, monté par Benjamin PINONVidéo Serge NOKIN (2010)

Merci l’Artiste, Merci Serge,

Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »,

20 mars 2020

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