Nous sommes des êtres vivants parmi tant d’autres.
Nous sommes dépendants et donc ne sommes pas autonomes. Nous le croyons, mais c’est un leurre que produit notre cerveau…
Nous inspirons et expirons une douzaine de fois par minute, soit près de dix-huit mille fois par vingt-quatre heures, et cela, sans vraiment en avoir conscience.
Et pour cause, il est impossible de s’en priver plus de quelques secondes ou minutes, pour les plus entraînés.
De cette action réflexe de notre organisme dépend absolument toute notre existence physiologique qui détermine elle-même toute l’organisation de nos vies…
Personne n’est épargné par cet état de fait, même ceux qui « ne manquent pas d’air »…
Notre planète aussi, respire à sa manière. La crise sanitaire qui touche notre société du début de troisième millénaire prive des milliers d’humains de cette faculté respiratoire essentielle.
La peur et l’angoisse se répandent, la méfiance, la distanciation sociale, le doute. Beaucoup de personnes souffrent, jusqu’aux portes de nos familles…
Toutes nos habitudes, nos certitudes, nos garanties, commencent à se trouver en danger. L’équilibre relatif est menacé…
Solidarité exceptionnelle ou déni, bienveillance ou égoïsme, toutes ces attitudes sont exacerbées.
La mondialisation est pointée du doigt, à l’instar du consumérisme et des déplacements frénétiques. Nos sociétés prétendues riches et industrialisées ont été optimisées au maximum pour la pérennité d’un mode de vie basé sur la croissance…
Or, avant cette crise, des êtres humains mourraient déjà quotidiennement, partout et tout le temps sur la planète, et pour de très nombreuses raisons dont la plupart étaient à peine évoquées dans les médias.
La « mort » était considérée comme tabou, comme si elle n’était pas évidente dans un monde de mortels que nous sommes…
Le fait de lever ce tabou aurait mis en danger ces mêmes certitudes et garanties après lesquelles une majorité de personnes couraient au fil du temps qui lui aussi, n’est qu’un leurre…
Le temps, c’est de l’argent, dit l’adage…
Force est de constater que lorsque le temps s’arrête, la croissance économique est fortement ébranlée…
La peur est légitime face au séisme majeur qui touche à tous nos conditionnements ancrés depuis trop longtemps…
La peur est une projection de notre cerveau sur des évènements extérieurs dont nous prenons conscience qu’ils peuvent nous toucher personnellement.
La réalité que nous percevons individuellement est traduite par notre cerveau sous forme d’impulsions électriques qui lui sont transmises par nos cinq sens.
Pour affronter une crise, quelle qu’elle soit, et quelle que soit son ampleur, il nous faut commencer par fermer les yeux et respirer lentement, à l’écoute de notre conscience, laissant filer les pensées parasites et oppressantes…
Nous n’avons de contrôle sur rien, c’est ce qui nous fait peur… Nous pensons contrôler, car on nous a conditionnés à le faire…
Nous avons beaucoup moins appris à accepter et lâcher prise, ce qui n’induit pas la passivité, mais une autre forme d’action…
Il existe tellement de causes de décès que le fait d’être en vie relève du miracle…
Nous sommes connectés, nous ne sommes pas seuls. Un nouvel égrégore se constitue…
Alors respirez, et sentez l’air entrer en vous, simplement, remerciant Dame Nature à chaque instant…
Qui que vous soyez, où que vous soyez, si vous le pouvez, laissez passer l’angoisse et la peur, et Respirez…
Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »,
23 mars 2020