016 – Chronique/interview d’artiste: Jeroen KUD – « Yeroün » (Huy) 20 ans d’Art.

La vie n’étant jalonnée que de concours de circonstances sans aucun lien avec le hasard, elle a mis sur mon chemin de chroniqueur une nouvelle très belle rencontre humaine et artistique en la personne de Jeroen KUD alias « Yeroün »…

Dans un premier temps, j’ai envisagé la possibilité d’informer la S.O.B.E.P.S (société belge d’étude des phénomènes spatiaux) de cette découverte tant cet « Ovni » qu’est Jeroen a retenu toute mon attention.

L’âme ne pouvant mentir, j’ai écouté la mienne en visitant la galerie d’Art virtuelle de « Yeroün » sur son site web (confinement « virus » oblige…). Ses oeuvres ont  suscité en moi un irrépressible cocktail de ressentis qui m’imposèrent de le contacter par téléphone durant une bonne heure (confinement… oui, ça va, ça va… on le sait bien…).

Hutois de souche, Jeroen KUD est né en 1981 et vit à Huy depuis dix ans, après avoir vécu à Clavier. Artiste dans l’âme depuis l’enfance, il fréquente l’Académie des Beaux Arts de Huy ainsi que celle de Liège, de 2000 à 2009. Orienté dessin et illustration, ce graphiste évoluera vers la peinture à l’approche de la trentaine.

Le carton, les panneaux de bois, les matériaux de récupération (sachets de « Quick », par exemple) servirent les premières années de création frénétique de cet artiste contemporain issu de la génération des « Gamers », ce qui ressort de ses oeuvres…

Certains de ses dessins, au début, furent qualifiés de « pas finis », mais ce « pas fini » n’évoque-t-il pas les trois points de suspension de l’écrivain? Ne pourrait-on y percevoir un élan interrompu volontairement, comme l’envolée de l’athlète qui effectue un saut en longueur au moment où il quitte le sol…

Réalité virtuelle, jeux vidéo, médias, actualité, guerre, politique, addictions, consommation, religion, mort… Tout y passe, dans une superposition de supports divers et variés, ce qui alimente le sentiment d’urgence…

Cette urgence qui agite les âmes tourmentées, celles qui ont vécu des douleurs, des traumas… Qu’importe le contexte, les moyens ou le support, Jeroen doit créer, exprimer, « frapper la toile violemment » avec ses pinceaux, parfois, me confiera-t-il…

Le « Game », l’Art, sont ses exutoires, pour avoir été longtemps seul, assailli de certaines velléités dépressogènes de sa vie…

Etouffement, violence, masque anti-gaz, arme à feu, laissent transparaître une forme d’engagement politique en terme de dénonciation des facettes glauques des sociétés modernes… Des couleurs chaleureuses et un certain humour corrosif contrastent heureusement avec ces perceptions nauséabondes, ce qui les rend supportables…

« Yeroün » m’expliquera partager son atelier (Huy) baptisé le « AK23 » avec un ami de longue date. Ils se qualifient de « cinglés » dans un « vaisseau spatial »… Quand je vous parlais d’Ovni…

Boulimique artistique (sic), Jeroen peut travailler sur une toile durant six, huit ou douze heures d’affilée, et ce pendant trois jours de suite, après quoi il marque une pause… (ce qu’il fit lorsque je l’ai appelé)

Evoluant sans cesse au cours de sa carrière d’une vingtaine d’années tout de même, « Yeroün » crée sur de nouveaux supports tels des écrans plats d’ordinateurs de récupération (tiens, encore des écrans…), et plus récemment encore sur des bâches en plastique pareilles à celles protégeant les transports routiers… Plus grand (jusqu’à plusieurs mètres carrés de superficie), plus souple, possédant une face granuleuse et une autre plus lisse, ce type de support est plus aisé à transporter et permet à Jeroen KUD d’exulter son dessin en plus fort et en plus grand (sic).

Parmi ses multiples qualités techniques et artistiques, ne vous ai-je parlé de ses portraits? L’écorché est aussi un homme fin et raffiné… A l’instar des émotions humaines, l’Art est pluriel et ça, « Yeroün » l’a aussi compris…

Cherchant son style au fil du temps, Jeroen a évolué avec cohérence, démontrant une grande maturité, celle qui est propre aux vieilles âmes qui ont « morflé » mais que rien n’a pu contenir, certainement pas ses crayons et ses pinceaux…

« Yeroün » s’est peu affiché, peu exposé (une petite quinzaine de fois depuis 2008), et expose actuellement, depuis le 6 mars 2020, à « L’Atelier le 2A », rue des Esses à Huy. Suspendue pour cause de « pandémie » (Oui, oui, tu l’as déjà dit… pfff), cette exposition rouvrira dès la fin du confinement et vaut certainement le détour…

Pour visiter virtuellement la galerie de Jeroen, cliquez sur le lien suivant: Galerie d’Art de Yeroün (site)

Atelier le 2A, rue des Esses à Huy

Atelier le 2A, rue des Esses à Huy

Sur son « mur » Facebook, Jeroen partage ses actualités artistiques.

Un autre lien vous permettra de visionner un court-métrage de 4 minutes auquel Jeroen a participé activement au montage et à la réalisation: Court métrage Yeroün (2008)

Intuitif, hors du temps, humble, Jeroen KUD ne se montre pas ou peu… Pourtant, il s’exprime, sans faire de bruit mais avec une intensité digne des plus grands…

Il ne court pas après la reconnaissance artistique mais admet qu’elle pourrait l’emmener plus loin… Tout le monde a besoin de reconnaissance, et c’est souvent quand on en a manqué qu’on en a le plus besoin…

Inutile de crier, quand on manie les crayons et les pinceaux avec une telle « tripalité »…

Les artistes nous livrent une part d’eux-même, alors nous pouvons bien leur donner un peu de notre temps si précieux, et pourquoi pas nous mettre sur « pause », et écouter ce que nous ressentons devant leur oeuvre…

Merci l’artiste, merci Jeroen, merci « Yeroün »…

Bonne route,

Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »,

24 mars 2020

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