

Elise est une jeune femme vachement cultivée, issue d’une bonne famille qui a du blé.
Elle a récolté deux diplômes en agronomie et en management.
Militante écologiste, elle distribue plus d’un tract-heure. Elle n’a vécu qu’en ville et a tendance à vouloir mettre la charrue avant les boeufs, mais c’est de son âge…
Elle fait campagne car la rue râle sur la gestion urbanistique, exprimant une gêne éthique émanant d’une politique de l’autruche…
Elise se rend à Paris pour assister à un colloque climatique à la Maison de la Culture, où elle échoue de Bruxelles régulièrement dans le cadre de sa thèse…
Une grève des trains la contraint à s’y rendre à bord de sa voiture électrique, évitant les autoroutes payantes via les itinéraires alternatifs conseillés par Bison futé.
Traversant une zone agraire, elle laisse s’échapper quelques vents d’ange annonçant avec urgence un probable obus colique…
- « C’est le bouquet! », pensa-t-elle…
Elle immobilisa son véhicule aux abords d’une petite exploitation agricole, unique trace de civilisation en cet instant critique…
- « Monsieur! – héla-t-elle l’exploitant sexagénaire à la mine austère et à la corpulence imposante – Puis-je utiliser vos commodités, s’il vous plaît, il s’agit d’une urgence inopinée?! – serrant les jambes honteusement et tentant de rester digne…
- Dites, ma pt’ite dame – grommela-t-il, fier comme un coq – ce n’est pas un relais routier, ici!!
- Faites-moi une fleur, enfin! Vous n’allez pas ergoter, vous voyez bien que c’est de mal en pis! – sentant s’accentuer ses turpitudes intestinales – Vous n’êtes tout de même pas à cheval sur les bonnes manières!? (Quel fumier! – pensa-t-elle…)
- J’en ai plein les bottes de tous ces touristes bourgeois! Allez dans les hautes tiges, sur la crête, couver votre étron!
- Mais voyons, monsieur! Vous m’envoyez dans les champs paître!!? C’est excrément gênant! Vous n’allez pas faire tout un foin de cette histoire!?
- On est pas des boeufs, sinon on chasserait les mouches avec not’queue!! – vociféra le rustre…
Indignée, Elise conclut:
- Sillons trouvait un compromis, vous me laissez utiliser vos toilettes, et je vous achète en retour des produits fermiers?
L’homme s’inclina:
- Bon d’accord, vous pouvez y aller… Entrez par le séjour, c’est derrière les tables, à droite du bel âtre…
- Les hommes comme vous, je n’y comprends purin! Il faut que vous lisiez afin de vous cultiver!
- Bah! Toisa-t-il, les gens de la ville, vous n’avez pas pieds sur terre…
- Pas pieds!!! Oh mince! Plus de papier! Quelle journée de merde… »
Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »
13 avril 2021
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