080 – Billet: « Un chêne, c’est un gland qui a crû »

Photo personnelle (mon jardin)

La vie d’un chêne commence toujours par la chute d’un gland, lui-même issu d’un autre chêne…

La vie est cyclique, en tous points…

La réussite d’un gland est aléatoire et est conditionnée par mille et une circonstances, elles-mêmes conditionnées par d’autres circonstances aléatoires…

Il a uniquement besoin d’eau et de lumière…

Un gland, seul, n’a aucune intention intrinsèque, aucun but… Il est là, et cela lui suffit… La nature s’occupe de tout, c’est un travail d’équipe…

Il s’éventre, mature, prend très lentement racine sur le plancher des vaches…

Il croît, acceptant par nature les dangers innombrables qui pourraient perturber ou anéantir son développement…

Les premiers symptômes de sa présence sont l’apparition de feuilles caractéristiques de son essence, lesquelles étirent impétueusement leurs nervures, magnifiant le processus de photosynthèse essentielle à sa survie de spermatophyte…

En examinant de très près la texture de ses premières feuilles, on peut déjà presque percevoir leur structure complexe augurant l’inouïe pugnacité de la vie à se reproduire…

Un chêne adulte communique une formidable énergie à qui s’est osé à en enlacer un lors d’une ballade en forêt…

Mon gland, celui que m’a offert Dame Nature mais qui n’appartient à personne, je vais le caresser, l’admirer, l’encourager, car je souhaite qu’il me survive…

Je me mets à rêver que dans deux-cents ans, un être humain qui n’existe pas encore s’arrête à son pied majestueux pour l’admirer quelques instants, et peut-être enlacer la base de son tronc rugueux, imaginant qu’un jour passé et lointain, il fut un gland qui a chu et qui a crû…

J’aime à penser que ces deux émotions ressenties à deux siècles d’intervalle, se rencontrent au niveau quantique et contribuent à la conscience de vie, conscience qui à elle seule, nourrit la vie, sans nul autre dessein…

Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »

11 juin 2021

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