004 – Que la montagne est belle!

Que la montagne est belle !

(Chronique – Vaujany)

(09 août 2015)

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Vaujany (le vieux village)

 

La paix de l’âme se gagne-t-elle à mesure que la pression atmosphérique diminue? Peut-être bien que oui…

J’ai ressenti une telle légèreté à Vaujany (Hautes Alpes – France).

A chacun de mes séjours dans ce havre de paix, j’ai dû être gratifié de quelques années de vie supplémentaires…

Fin 2004 (novembre), lors de ma visite inaugurale aux majestueuses montagnes de l’Oisan, je fus étreint par le silence « cotonneux » du village de Vaujany, posé lui-même sur les entrailles d’incommensurables masses rocheuses dont les cimes pointent l’infini céleste…

Il ne m’en fallu pas plus pour mettre en exergue tous mes sens, avides d’émotions diverses…

L’intensité du bien-être qui m’habita à cet instant me procura un orgasme émotionnel et philosophique…

Le sens de la vie était là également, dans cet instant et dans ce lieu…

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La fontaine (Hôtel « Les Cîmes ») 

 

A intervalles irréguliers, les collecteurs d’eaux pluviales me bercent par le « clapotis » continu du flux de liquide vital et limpide déversé par les ruissellements convergents « sécrétés » par Dame Nature et alimentant le barrage E.D.F. implanté au pied des montagnes, à Allemont.

L’Homme, ingénieux par opportunisme, utilisant les ressources de sa planète mère, a réussi à marier technologie et paysage, sans trop le dénaturer..

Le centre névralgique de ce village station de ski, réside dans une machinerie dantesque permettant à un maximum de cent-soixante personnes par trajet de rallier le domaine des « Petites Rousses » et « L’Alpe Duez », à bord d’une cabine dont la masse avoisine les treize tonnes, suspendue à un câble dont le calibre correspond à un de mes poignets…

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La cabine téléphérique de 160 places  (13 tonnes)

 

Perchés à mille deux-cent-cinquante mètres (altitude du centre du village de Vaujany), les voyageurs gagnent le premier palier à deux mille mètres, dit « L’Alpette » et, éventuellement le second, dit « Les Rousses », à deux mille huit-cents mètres, et cela en moins de vingt minutes, montre en main…

Les plus téméraires peuvent emprunter ensuite une troisième cabine, à trente minutes de marche, afin de toiser les vallées à trois mille et trois-cents mètres d’altitude,, depuis « Le Pic Blanc », d’où l‘on peut contempler, par beau temps, le « Mont Rose » (Suisse) et le « Mont Blanc»…

Un saut de puce, d’une montagne à l’autre, là où, quelques décennies plus tôt, une cordée de montagnards avertis et équipés durent gravir les pans rocheux au péril de leur vie…

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(Les Petites Rousses – 2800 m)

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A deux kilomètres du vieux village de Vaujany, la Villette,un hameau d’irréductibles autochtones, propose aux promeneurs et skieurs, selon la saison, l’accès au « Mont-Frais », à mille neuf-cents mètres d’altitude…

Un flux continu « d’œufs », cabines téléphériques de quatre places, arpente le flanc montagneux jusqu’au départ de pistes de ski, agrémenté d’un restaurant d’altitude, à l’instar de celui de « L’Alpette » qui peut être ralliée à pied par la crête…

Le paysage idyllique offre au spectateur émerveillé que je suis, à chaque visite, une vue époustouflante à trois-cent-soixante degrés, sans que la moindre pollution sonore ni visuelle ne vienne perturber ce moment religieux…

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Les "oeufs" menant au "Mont-Frais" (1950 m)

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La Villette est également le point de départ d’une randonnée escarpée, mais praticable, menant à la cascade de « La Fare », dont la chute d’eau est alimentée par la fonte estivale d’un glacier.

Au plus fort de son débit, « La Fare », qui est admirable depuis quasi tout point de vue d’observation, laisse majestueusement dégringoler des milliers de litres par minute d’eau froide (neuf degrés), sur un dénivelé de quatre-cents mètres environ…

Un réel balai musical aquatique dont nul ne peut se lasser, ni même les résidents, dont la moyenne d’âge excède le jubilé…  L’hiver, des pans de glace vertigineux interrompent, pour quelques semaines seulement, le flot aqueux magnifique…

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La cascade de « La Fare »

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Le « Collet », perché au-delà de la Villette, est un lieudit constituant la fin de la voie carrossable, inaccessible en hiver.

Ce lieu, presque vierge, aborde le domaine de haute montagne (Les Ecrins), où, annuellement, des vies s’achèvent, sous une avalanche ou suite à une chute dramatique, dans le chef de montagnards occasionnels ou avertis…

Dame Nature, sous ses airs angéliques, revêt un caractère impitoyable, à l’égard de ceux qui oseraient la défier, surtout dans de mauvaises conditions météorologiques, souvent instables en raison du relief particulièrement accidenté sur lequel viennent s’empaler les masses d’air propulsées par la force de « Coriolis »…   

Le « Collet » est également, par beau temps, un point d’observation privilégié d’où il est possible d’apercevoir des chamois, des marmottes, et autres gibiers paissant dans l’alpage…

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Le « Collet »

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De retour au village, des images plein les yeux, il est opportun de déguster un « chti canon » de vin blanc, voire plusieurs, selon le public en présence à l’hôtel, tout en conservant un œil insatiable vers un paysage généreux

Après un repas local, riche en graisses et calories, une balade digestive me conduit naturellement, en quelques minutes, vers le bas du village. Une déclivité propice aux turpitudes intestinales…

La petite église monte la garde auprès du cimetière local, dont les stèles mentionnent régulièrement les mêmes patronymes, reflet d’une éventuelle consanguinité ou, à tout le moins, d’alliances familiales du cru…

 

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L’église de Vaujany (et le cimetière)

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Quittant ce lieu de mémoire et d’histoire, une route secondaire invite à une ascension carrossable mais périlleuse, en raison des cailloux et roches qui jonchent le ruban asphalté sans issue qui conduit l’intrépide à la « table d’orientation », à mille sept-cent-cinquante mètres d’altitude, également condamnée par le manteau neigeux en hiver…

Vaujany renaquit peu après le milieu du siècle passé, après la construction du barrage E.D.F. évoqué plus tôt, et bénéficia, outre la pharaonique remontée mécanique, d’infrastructures technologiques improbables en ces lieux naturels…

 Le village, configuré en terrasses et colimaçon, est parcouru « d’escalators », funiculaires, ascenseurs, permettant aux touristes, dont le nombre excède à peine quatre mille et cinq-cents unités, de converger au prix du moindre effort physique, vers la fameuse cabine appelée la « benne » et menant vers les pistes skiables…

Pour les promeneurs piétons que nous sommes, ma compagne et moi-même, le village est quelque peu déserté, la journée, nous permettant d’arpenter rues et ruelles en tout quiétude…

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Dame Nature…

 

Dix ans après ma première visite, et ayant pu admirer cet Eden une dizaine de fois, je ne me lasse pas, et les villageois qui nous ont toujours accueillis chaleureusement, bien qu’un peu bruts de décoffrage au départ, nous demandent quand ils nous reverront…

 Une partie de moi est restée là-bas, ou plutôt là-haut, sur un énorme rocher plat, accroché au flanc de la montagne, surplombant les vallées et le village de Vaujany, dans les embruns de « La Fare »…

A Jacques,

Vincent Poitier ,

Le Pensiologue,

09 août 2015

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