Je suis assis sur un strapontin, dans la salle de cinéma qui projète le film de mon expérience de la vie…
La distribution de ce film comporte de nombreux personnages, de toutes natures, dont certains d’entre eux ont contribué à mon ciment psychologique, et à mon intégrité d’être humain… (peut-être n’en savent-ils rien, d’ailleurs…)
Dès l’enfance, j’ai rencontré certains d’entre eux avec qui une amitié demeure encore aujourd’hui. Ce genre d’amitié qui maille mon tissu d’âme…
Henri-Claude Micheroux compte parmi les personnages les plus singuliers, bienveillant (en tout cas à mon égard), et fidèle dans le lien…
C’est par l’intermédiaire de maman (Yvette Sohy, cf chronique n°011 sur ce même blog dans laquelle j’évoque H-C Micheroux) que, très jeune, j’ai connu Henri-Claude…
Il impressionnait le gamin que j’étais, par son charisme, sa corpulence, sa présence, sa voix, son regard, et c’est encore un peu le cas aujourd’hui…
Longtemps considéré et présenté comme le sosie du Roi Albert II, Henri-Claude est bien plus que cela… Mais il reconnaît que grâce à cela, il a adoré rencontrer énormément de gens… (Il a même rencontré Delphine Boël – de Saxe-Cobourg avec qui il est toujours en contact)
Je vois en lui un homme qui a vécu une somme d’expériences de vie considérable, et qui est toujours debout, digne, actif…
Son regard bleu azur est pénétrant, son charisme dépasse de tous ses contours, ce qui ne plaît pas à tout le monde, faut-il préciser (mais à moi, certainement…)
Passionné de photographie, Henri-Claude Micheroux tord la réalité qu’il perçoit d’une manière un peu psychédélique, kaléidoscopique, et même poétique, au travers des filtres de son être, lui-même scoliosé par certaines épreuves de vie… Il affuble ses réalisations de petits textes originaux, poétiques…
Lorsque je le contacte par message au sujet de cet interview, il accepte spontanément, et je l’appelle…
Près de trois années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, mais sa voix est la même, et il dit me témoigner toute sa confiance, ce qui, à mes yeux, constitue un Graal dans ma démarche d’écriture…
Je ressens cette force intérieure et cette paix que son être m’inspire depuis toujours… (c’est le gamin qui parle…) C’est cette force d’âme qui pousse la mienne vers cet artiste et son fameux filtre kaléidoscopique…
Je suis déconcerté d’apprendre qu’il ne vit plus à Huy depuis deux ans… Je ferai donc le déplacement vers Pironchamps, sur Farciennes (Charleroi). En effet, je ne réfléchis pas au pourquoi je fais ou non les choses, je réfléchis surtout à comment… Le reste, je me laisse guider par mon instinct… (et par mon gps, aussi)
Préambule biographique
Né à Seraing le 07 février 1947, Henri-Claude est sensibilisé à la peinture et à la photographie dès son enfance. Sa grand-mère lui offre à onze ans un appareil « Kodak » (195 francs belges) qu’il va utiliser pour immortaliser « l’Expo 58″ , mais il nourrit un intérêt prononcé pour la peinture principalement, un de ses oncles lui offrant un coffret de peinture. Il fréquente alors la « Maison des loisirs » de Seraing, où il s’adonne donc à la peinture et aux ateliers de théâtre et de danse…
Pour couronner le tout, son père, un ténor du chant, l’éveille aux arts musicaux… Henri-Claude fera partie de la chorale de l’église locale… Les bases artistiques sont jetées d’emblée dans cette personnalité en construction…
Décrétant qu’il est un mauvais élève scolaire à l’adolescence, ses parents l’orientent vers un travail aux chemins de fer… Il fallait lui trouver un métier… Ce jeune homme à l’imagination débordante imagine que cette discipline évoque les voyages, mais il sera rapidement au fait des choses…
Tout au long de sa vie, il cumulera diverses formations, étudiera et augmentera l’aura de ses compétences humaines et professionnelles…
De chauffeur de car et guide touristique, il s’oriente par les circonstances de vie vers des fonctions de Conseiller Culturel à la SMAP (devenue Ethias) et la Sabena (compagnie aérienne belge de l’époque). L’homme fait son trou et sa place par le biais des rencontres, des opportunités mais aussi de sa culture artistique…
Il épousera Dany (présente lors de l’interview qui suit, le 26 août 2021 après-midi à leur domicile de Pironchamps) avec qui il affiche aujourd’hui cinquante et un ans de mariage, ce qui inspire le respect… Henri-Claude me dira qu’elle l’a choisi pour ses mains, ce que confirme Dany qui écoute avec intérêt la conversation… Mon ami septuagénaire me confie que l’intérêt qu’il nourrit pour les mains lui vient de Jacques BREL, qui les magnifiait sur scène et de qui il détient encore des oeuvres musicales de l’époque…
Il est difficile de condenser tous les pans de sa vie émaillant notre conversation, mais l’essence de ce grand homme est respectée, je l’espère… (et puis il faut conserver une part de mystère…)
L’INTERVIEW:
1) Henri-Claude, merci de ton accueil chaleureux… Dis-moi, quel est ta technique pour « déglinguer », comme tu le dis, la réalité, au travers de tes photographies?
Mon outil artistique est informatique, sur base de photographies que je réalise sans intention particulière, sur un peu tout et rien… Ensuite je les regarde, les examine, et quelques fois se déclenche une idée sur une ou plusieurs d’entre elles… Je réalise quelque chose, peut-être pour ne pas oublier le coup de coeur, la vision…
Je ne réfléchis pas sur l’intention qui m’anime mais je pense ensuite à la réalisation de la transformation artistique sur PC.
2) Quelles sont tes sources d’inspiration? Comment perçois-tu la réalité, en tant qu’artiste photographe?
Tout est source d’inspiration, tout dépend du regard que l’on porte sur la chose. J’embellis ma réalité, en tout cas je l’adapte à ma vision des choses, en donnant un autre sens à la photo que j’ai prise…
Je crée, sans aucune contrainte externe… Mais quel bonheur cela me procure!! J’accepte depuis peu de me qualifier d’artiste… J’ai la chance de m’extasier sur beaucoup de choses, même si elles ne paraissent pas nécessairement belles pour les autres… Je me laisse guider par ma créativité, par le plaisir que je me fais… La nature m’inspire très souvent…
3) H-C, comment demeure-t-on un homme debout? Que pourrais-tu dire aux jeunes et aux moins jeunes à ce sujet, surtout dans le contexte actuel? Pardonne-moi cette question, mais fidèle à ma démarche, je ne peux pas passer à côté… (Il reste silencieux un moment avant de répondre…)
Créer… La création… L’envie de faire quelque chose… Les jeunes peuvent et doivent croire en ce qu’ils font, il ne faut pas qu’ils se découragent, tout peut toujours recommencer, renaître… Je leur suggérerais de rester vigilants, de se tenir à leur envie…
Le bonheur est d’accepter ce que l’on a et d’aimer ce que l’on a… Sinon, c’est qu’on a pas assez essayé…
Je crois en une puissance supérieure qui me guide, des valeurs telles que l’amour, la tolérance… Je regarde très souvent les nuages (Dany aussi) et je me sens bien…
4) Tu sembles attaché à la ville de Huy, pourquoi? (il y a vécu de nombreuses années et Dany y est née)
Depuis que je vis à Pironchamps, depuis ma terrasse, j’ai retrouvé ma liberté et je me sens bien…
A Huy, j’y aime l’environnement qui me procurait beaucoup d’envie de photographier… Le calme de la nuit hutoise, j’adorais cela… Le jour, ce n’est pas pareil, je suis un peu intolérant à l’égard des inciviques…
5) Es-tu un indigné? Quel est le moteur de ta vie, du lien avec elle, avec l’humain? (attention, il fait noir avant 21h30…)
Au cours de ma vie, j’ai toujours pensé en priorité à mon foyer… Mon âme d’artiste m’aurait invité à bourlinguer à gauche à droite, ce qui n’était pas compatible…
Je suis indigné du manque de respect à autrui en général, ça oui… La nature humaine devrait s’inspirer beaucoup plus de la nature elle-même…
6) Henri-Claude, je te remercie d’avoir croisé ma route, il y a quarante ans, et d’avoir accepté aujourd’hui de participer à enrichir mon blog d’écritures de ton empreinte… Elle est pour moi indélébile…
Ce fut un réel plaisir, Vincent! (et Dany de le confirmer, qui nous a rejoints à la table du séjour)
L’artiste Henri-Claude Micheroux a été primé à plusieurs reprises, par des sites Web sur lesquels il partage ses oeuvres sur plus de 540 d’entre eux…
Ses liens web sont: (cliquez sur ces liens ci-dessous)
A l’issue de notre entretien plus ou moins formel et un bon café, je vais fumer une clope sur la fameuse terrasse, d’où nous observons les nuages… Je fais connaissance avec leur petit chien, Chloé… Nous poursuivons nos considérations métaphysiques, spirituelles, humoristiques…
Evoluant sur des plans différents au travers de son art, de son être, Henri-Claude Micheroux a les pieds sur terre mais la conscience intriquée dans ici et ailleurs, comme un interprète des différentes dimensions vibratoires auxquelles il accède par des vortex que lui seul connaît…
Une heure plus tôt, Henri-Claude, sachant que j’avais sauté deux fois en parachute à Spa (cf chronique n°001 sur ce même blog), me demanda ce que j’avais vu et vécu dans les nuages… Je le lui ai raconté, non sans émotion, et je crois que cela lui plaît, que l’on ait pas à cacher ses émotions…
Dany nous prend en photo tous les deux, pour l’occasion… Henri-Claude insiste pour que l’on voit les nuages… J’aime les gens qui aiment regarder les nuages… C’est fou ce que nous pouvons avoir comme points communs… C’est fou comme je me sens bien dans ce que je fais en ce jour… C’est fou comme la vie est belle et simple, parfois…
Une fois encore, mon âme m’a guidé vers cette rencontre, cette chronique… Une rencontre royale, au sens métaphorique du terme… Tout a dépassé ce que j’avais imaginé, et j’adore cela…
Nous terminons vers 17h30 dans l’atelier de l’artiste, à l’étage… Il me montre son matériel informatique avec lequel il a réalisée une oeuvre, la veille en soirée, s’inspirant du « Pensiologue », m’a-t-il déclaré… Elle est lumineuse, rayonnante, et me touche sincèrement… Mais j’en ai l’exclusivité pour l’instant… Mais seulement pour l’instant, car un livre est au programme, semble-t-il… Je m’en réjouis à l’avance…
Je dois reprendre la route, après cette parenthèse féérique et un peu nostalgique… Laurence m’attend à la maison, je vais tout lui raconter… L’être mélancolique que je suis savoure ce ressenti, en reprenant l’autoroute…
Merci Henri-Claude, merci l’ami, merci le mentor, merci l’artiste… Merci pour les nuages, pour la connexion, pour la confiance…
Merci Dany, pour l’accueil, toi qui m’as aussi vu grandir…
Que votre route soit belle…
Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »
26 août 2021
Copyright, tous droits réservés.