111 – Chronique rando: « La Nature est mon église » (Borgloon, province de Limbourg, Flandre)

Chacun de mes textes est à lire entre les lignes… « Reading Between the Lines » est le nom de cette oeuvre inédite de trente tonnes d’acier corten (acier à corosion superficielle), dix mètres de haut, trônant sur les terres de la localité de Borgloon, à 30 minutes de Liège, au nord de Waremme.

« De Doorkijkkerkje » (l’église transparente), est une structure de 2011 créée par les architectes Pieterjan Gijs et Arnout van Vanrenbergh.

Cette curiosité assez unique m’a littéralement appelé à elle… J’ai donc embarqué Laurence et maman (Yvette), un samedi d’automne, pour une randonnée d’une dizaine de kilomètres, au départ de la Grootlondstraat à Looz (Borgloon), d’où nous avons suivi les balises « Croix orange » via un sentier perpendiculaire à la rue.

La balade fait une boucle qui est balisée dans les deux sens, donc, attention de suivre les flèches destinées à votre sens de progression.

Nous sommes immédiatement plongés au coeur de centaines d’hectares de vergers (pommes, poires, cerises, vignes) que nous sillonnons en empruntant des chemins de remembrement… Des bus acheminent les cueilleurs par dizaines pour la récolte des fruits dont un bon nombre jonche le pied des arbres alignés tels des régiments d’infanterie…

Nous ne résistons pas à la tentation de goûter chacun l’une de ces pommes juteuses et rougeoyantes faisant ployer les branches de leur hôte… Mmmmmmhh…. Nous avons croqué le fruit des fendus! (c’est nous, les fendus…)

Bon, où est-elle cette église transparente? Evidemment, nous effectuons la boucle dans le sens qui nous y conduit en fin de parcours… Soit, elle sera le bouquet presque final!

La nature limbourgeoise nous offre toute sa splendeur… Des bocages à profusion, des animaux paissant tout azimut, des chemins et sentiers variés, et un dénivelé faible, bien que l’accès à la localité de Borgloon nous inflige de traverser un val qui n’a rien à envier aux montagnes russes… Pour ce faire, nous empruntons un tunnel en béton s’insinuant sous les « jupes » d’une route nationale dont le brouhaha tranche sérieusement avec la quiétude dans laquelle nous étions immergés jusque là…

Nous apercevons au loin (très loin!) la structure d’acier tant convoitée, depuis le fond du val, et celle-ci nous semble encore inatteignable… Comme on dit, il faut mériter son paradis!

La boîte à tartines est vide, ma vieille gourde est bien entamée (cf ma chronique n°058: « Les déboires d’une gourde« ), mais nos coeurs sont en joie… Etre au sein de la nature est le meilleur « shoot » d’ocytocine et de dopamine que je connaisse… Les pensées oppressantes et fourmillantes sont évaporées comme par magie, et le lien à la Terre prédomine, substituant les « Que vais-je devenir? » par « Je suis, j’existe, je ressens, je respire… »

Après deux heures et demie de marche tranquille, nous accédons au Graal… « De Doorkijkkerkje », l’église transparente…

La première impression que m’inspire ce tableau féérique est quantique… Nous ne voyons que ce que nous pouvons percevoir, et je ne cesserai de le répéter tant cela me paraît évident en toute situation…

Je vois cette église métallique, mais je ne la vois pas vraiment… Elle est bien là, devant moi, mais n’y est pas à la fois… C’est tout l’intérêt de la « chose » qui est intégrée au paysage sans toutefois en masquer la moindre parcelle… Même de l’intérieur (qui ne l’est pas) de la structure, je ne m’y trouve pas… Je suis dedans sans m’y trouver…

Seul le « clocher » (qui n’en est pas un) semble se matérialiser lorsque je me situe sous sa pointe… La réalité est virtuelle, mais sans le moindre artifice… Se dématérialisant plus ou moins selon l’angle de vue, cette église (qui n’en est pas une) m’inspire ce qui existe de plus spirituel dans l’existence, sans dogme ni religion…

Je suis dans tout l’Univers et tout l’Univers est en moi… Ma conscience d’être, mon âme, jubilent…

Le soleil décline, évoluant vers son « nadir » (point le plus bas, opposé au zénith), à moins que ce ne soit la terre qui tourne…

Nous reprenons notre marche sous une température qui fraîchit… Le taux d’humidité va crescendo… Nos jambes et nos chevilles vacillent quelque peu, par monts et par vaux…

Nous regagnons la voiture qui patiente sagement le long du haut mur d’une ferme locale…

C’était une belle journée… Encore une… Nous l’avons « construite » et « vécue » sciemment, mais la nature l’a magnifiée, comme c’est généralement le cas, où que nous nous rendions…

Si une telle journée vous tente, voici les liens web:

Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »

17 octobre 2021

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