



Programme bucolique du jour.
Nous hésitons un peu, par ces temps de crise internationale (prix des carburants), à utiliser la voiture, mais cette journée en valait vraiment la peine.
Il fait 15 degrés celsius, le ciel est bleu azur, et notre but de randonnée du jour est spectaculaire!
Direction Gedinne, à 80 km de Huy (province de Namur, à 155 mètres de la frontière française), sur le plateau de 9000 hectares de la « La Croix Scaille » où est érigée la « Tour du millénaire » (2001), cinquième sommet belge et point culminant de la région des Ardennes, également point de départ d’une randonnée de 7km dans la réserve naturelle de la « Fange de l’Abîme ».
Nous effectuons un « crochet » par le Moulin de Vencimont où j’ai fait un camp louveteaux en 1981, si j’ai bonne mémoire… Je me revois avec mes camarades de l’époque, sur la cour en gravier, il y a 41 ans, me faire asperger à l’eau froide lors des ablutions quotidiennes… Brrrrr!
La roue à aubes semble avoir disparu… Nostalgie… Le moulin est reconverti notamment en gîtes et salles de séminaires…


La Tour du millénaire, un peu d’histoire…
Issue d’une idée germée en 1998, le projet transfrontalier (France) de construction fut déposé en 1999, sur base des plans de l’architecte Daniel Dethier. Subventionné par l’Europe (40%), la Région Wallonne (50%) et la commune de Gedinne (10%), cet ouvrage de bois et d’acier de 45m de hauteur coûta la somme de 625.000€ et fut inauguré fin 2001.
Le site stratégique militaire, qui fut un haut lieu de la Résistance en 1944, accueillit quatre autres tours par le passé, au fil des siècles.
La structure de la tour actuelle fut initialement composée de six pins « Douglas », réputés pour leur durabilité qui les rend quasi imputrescibles. D’une hauteur chacun de 45m et de 300cm de circonférence, ils furent abattus et recoupés à 32m pour la construction qui dura deux ans.
Le projet abouti mesura 45m de hauteur (plus les 18,8m de hauteur de la tour métallique rouge et blanche qui conduit le sommet à 60m). 19 modules d’un double escalier hélicoïdal en acier de 234 marches permettent l’ascension aux nombreux visiteurs, sans se croiser.
De la forme d’un sablier, la « Tour du millénaire » de 82 tonnes entrait, en 2001, dans le troisième millénaire… Mais ce fut sans compter sur de sérieux problèmes structurels et de sécurité survenus dès 2007 (le bois des « Douglas » pourrissait), qui conduisirent les autorités à fermer l’accès à la tour et à son démontage en 2008.
Reconstruite en acier et inaugurée en 2012, les trois plateformes de 15, 30 et 45m de hauteur se dressent à nouveau sur le plateau de la « Croix Scaille » culminant à 503m d’altitude.
Je gravis donc les 234 marches (Laurence s’est contentée de la moitié et personne ne lui en voudra), et me suis extasié, la poitrine un peu serrée tout de même, sur la vue imprenable à 360° sur trente kilomètres à l’horizon tout azimut… Wouaw!






Lors de la descente, j’entends chacun de mes pas faire résonner le métal profilé des 19 modules d’escaliers, ce qui confère à l’expérience un caractère encore plus dantesque…
Je rejoins Laurence redescendue m’attendre sur la 1ère plateforme à 15m du sol et nous partageons nos ressentis… Le beau et grand parking public offre une aire de jeux pour les plus jeunes et quelques bancs pour pique-niquer. Tout est gratuit…
La réserve naturelle de la « Fange de l’Abîme » (balade)
Nous vérifions les panneaux indicateurs et les cartes de randonnées (on ne va pas se perdre, cette fois-ci, c’est promis…) et nous suivons les balises « rectangles jaunes n°41 », direction la « Fange de l’Abîme » située à 50min de marche… La boucle devrait prendre une heure et demie.
Les sentiers sont très feutrés de mousse et de tourbe, l’odeur des milliers de pins emplit nos poumons, et les rayons obliques du soleil illuminent chaleureusement ce décor naturel qui nous appelle au calme et au détachement…
La « Fange de l’Abîme » est aménagée de caillebotis en parfait état. On se croirait dans les Fagnes… Un panneau nous indique que nous effectuons une incursion sur le territoire Français, par où, cinquante ans plus tôt, on passait pour éviter de payer les taxes…
Les dégâts des dernières tempêtes sont visibles, de nombreux arbres étant couchés, brisés, déchirés même… Nous marchons deux heures durant, et regagnons le parking au pied de la fameuse Tour, grâce à l’excellent balisage… (ouf…)




Débriefing.
Après la journée « balais-boulot » chez Chloé (ma fille) hier, ce matin ne m’engageait pas vraiment à quitter mes foyers tant mes articulations grinçaient… La route fut un peu laborieuse jusqu’à Gedinne, et j’ai râlé durant le premier tiers du trajet, tandis Laurence demeurait calme à ma droite, sachant que cela allait passer, comme d’habitude…
Il faut reconnaître que ce devait être la journée mondiale des « veaux » en Wallonie pour que tout le monde circule 20km/heure sous la vitesse autorisée dont des kilomètres derrière des engins agricoles…
Sur place à 15 heures, je fus rassuré sur le fait que le soleil ne se couche que peu avant 19 heures… (oui bon, je sais, le soleil ne se couche pas, c’est la terre qui tourne…)
A la minute où j’ai levé les yeux sur cette « Tour du millénaire » de 45m de hauteur, je me suis senti dans mon « Walibi » naturel, mon parc d’attractions préféré, celui que nous offre Dame Nature, loin du brouhaha général et des multimédias oppressants (que pourtant j’utilise pour partager mes écrits et expériences…)
Une tartine au jambon n’est jamais aussi bonne que consommée sur de l’humus, au bord d’un sentier forestier… Tout mon être vibre sereinement aux côté de mon alter-égo…
Avant de quitter ce havre de paix et de senteurs, je me réjouis déjà à l’idée de narrer mes émotions photosynthétiques sur ce blog dont vous me faites l’honneur et le plaisir de vous y arrêter quelques minutes de temps en temps… Je vous remercie pour cela, et vous engage à tenter cette randonnée, et d’ensuite m’en donner des nouvelles…
En ces lieux, nul besoin d’un chargeur, c’est la Nature qui s’en charge… La réalité est celle que l’on veut bien regarder… Pour ma part, c’est en son sein que j’ai déposé mon regard et que je tente de « capter » le vôtre…
A bientôt, pour un nouveau texte…
Vincent Poitier, alias « le pensiologue »
11 mars 2022.
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