134 – Chronique régionale « dénivelée »: barrage-écluse « Ampsin-Neuville » (Tihange – Huy)

Introduction:

Le génie civil m’a toujours impressionné, les hommes étant capables de réaliser des infrastructures impressionnantes défiant parfois les éléments naturels dont le fleuve mosan fait partie.

Il en est un, de ces ouvrages, qui pourrait passer inaperçu tant nous sommes habitués à sa présence. Il s’agit du barrage-écluse de Ampsin-Neuville (Huy) qui fait l’objet depuis deux années de profondes transformations qui rappellent sa présence à ceux qui ne le voyaient plus.

Je m’y suis rendu très souvent avec Pierre, mon fils, afin de regarder « passer les bateaux » d’amont en aval et inversement, par le biais de mécanismes élémentaires relatifs à la gravité et au courant.

Faisant doucement le deuil de l’ancienne version de cet ouvrage majeur, j’y suis retourné plus d’une fois, tant que l’évolution du chantier le permettait, afin de me rendre compte de ce pan d’histoire qui se dématérialise et se rematérialise sous nos yeux, en vue d’expansion et d’entretien.


Un peu d’histoire:

La canalisation de la Meuse fut décidée en 1853, en Belgique, face à la concurrence accrue dans le milieu de la navigation, notamment sur Paris. Ces travaux durèrent quarante années.

Vers 1928, Monsin et Yvoz-Ramet virent apparaître des barrages pouvant accueillir les péniches de 2000 tonnes, tandis que Huy, Flône et Ampsin ne purent accueillir que des bateaux de 600 tonnes maximum, au moyen d’écluses à « aiguilles » qui n’ont rien à voir avec celles que nous connaissons actuellement et qui ne permettaient leur franchissement qu’à un seul bateau à la fois ce qui finit par engranger des « bouchons » (heureusement, ça flotte, des bouchons…).

La démolition de ces anciennes structures plus petites fut ordonnée entre 1955 et 1958 et le « nouveau » barrage d’Ampsin-Neuville, dont les bassins offrirent chacun 136 et 55 mètres de longueur, put absorber, dès 1960, un trafic de péniches allant jusqu’à 2000 tonnes à l’instar des structures situées en aval vers Liège (le chantier de réfection du barrage d’Yvoz-Ramet a été achevé, quant à lui, en 2015).

En 2018 débutèrent à Ampsin-Neuvlle (Tihange – Huy) de titanesques travaux de modernisation, réhabilitation et développement structurel du barrage-écluse vétuste et insuffisamment efficient au vu du trafic fluvial actuel.

En effet, deux nouveaux bassins (sas) de 225 mètres de longueur et de respectivement 12,5 et 25 mètres de largeur devraient conférer à l’ouvrage flambant neuf une optimalisation digne du flux batelier escompté, lequel flux est régulé, depuis le nouveau centre de contrôle de l’écluse, par des hommes.

Ces travaux nécessiteront la modification du tracé de la route nationale 90 qui longe la Meuse par la rive droite, ainsi que l’installation d’une nouvelle passerelle piétonne et cycliste permettant aux usagers légers de franchir le fleuve en toute sécurité.

Notons que l’ancien petit sas de 55 mètres de longueur fut mis hors service dès 2005 et jamais réaffecté. Cet ancien ouvrage est détruit à ce jour et déjà remplacé par le nouveau bassin de 12,5 X 225 m mis en fonction récemment, en vue de l’aménagement du nouveau grand bassin de 25 X 225 m, à l’issue de quoi l’ensemble sera mis en service dès 2023, semble-t-il.

Je vous propose le lien internet suivant, très bien illustré: « le nouveau barrage d’Ampsin-Neuville ».


Le trafic fluvial représente en Belgique 7% du trafic commercial et bien que cela semble peu, il nécessite des infrastructures conséquentes dont la gestion et l’entretien sont indispensables dans notre économie.

Je vous invite, si ce n’est déjà fait, à lire ma chronique n°127 sur le chantier naval de Seilles (Andenne). (cliquez sur le lien en rose ci-avant)

Des personnes travaillent (comme beaucoup) dans l’ombre, et leur intervention humaine n’est pas totalement remplacée par l’automatisation. Les éclusiers, en l’occurrence, les ouvriers et ingénieurs qui élaborent et réalisent ces travaux de grande ampleur, oeuvrent quasi à notre insu pour que circulent les bateaux, les péniches commerciales, et que s’écoulent les eaux du fleuve dont les tumultes réguliers érodent lentement le béton…

Rien ne dure, en ce bas monde, tout évolue… L’eau coule sous les ponts, comme dit l’adage, ignorant de ces structures parfois leur grand âge…

A bientôt, pour une nouvelle chronique, ou un nouveau billet, et merci aux lecteurs d’avoir consacré un peu de leur temps précieux à lire ces quelques lignes, et ainsi prendre conscience du monde qui nous entoure et cultiver du lien, car nous en avons tous besoin…

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

11 mars 2022.

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