173 – Chronique rando escarpée: « La Roche aux faucons » (Esneux – province Liège – Belgique)

Le jeudi 16 mars 2023, après mon challenge « Huy-Andenne-Huy » à pied (23,700 km en solo), je pensais sincèrement que mes chevilles ne pourraient plus me porter avant quelques jours, cependant, le lendemain, mon corps semblait plutôt me remercier pour cette détoxification intensive…

Quitte ou double! Samedi 18 mars, soit le surlendemain, je fais les sacs à dos avec Laurence (Malo pour les intimes) et par une belle journée de pré-printemps, nous entreprenons de nous « taper » la « Roche aux faucons » (11 km) à Esneux! Dénivelés assurés…

Nous avons chacun de vieux souvenirs antérieurs à notre vie de couple, à Esneux. Des souvenirs de plus de trente-cinq ans!

Départ sous le gros rocher (monument) situé rive gauche de l’Ourthe, au carrefour du pont principal, balise « rectangle jaune ». L’ascension « à froid » des cent-septante marches de l’escalier pavé menant au Château le Fy (1904-1905) et à l’église Saint-Hubert nous sèche un peu les jambes…

Descente ensuite vers Hony, dans la plaine de l’Ourthe, laquelle ravagea littéralement la localité (comme tant d’autres dans la province) en juillet 2021. En témoignent les signalétiques du SPW affichant les niveaux d’eau de 1925, 1993 et 2021, à plus de deux mètres quarante du sol! (voir photos ci-dessous) Les stigmates de cette catastrophe sont encore visibles…

L’ascension vers Avister a de quoi décourager le promeneur du dimanche (heureusement, nous sommes samedi…), mais nous ne nous laissons pas démoraliser par les cyclistes qui nous dépassent lentement et dans la souffrance, eux aussi, vers le « sommet » menant au fameux panorama convoité ce jour, « La Roche aux faucons ».

Nous sillonnons, le coeur plus léger, entre forêts, champs et routes de village, sous un soleil généreux augurant le réveil de la nature figée depuis quatre mois. La sortie de l’hiver est toujours une période pleine d’espoirs…

Le balisage est généreux et efficient, ce qui nous évite de tergiverser à la moindre bifurcation. L’une d’entre elles nous conduit sur le sentier de crête en surplomb de la vallée de l’Ourthe. Ce sentier est technique et escarpé par endroit, ce qui requiert toute notre attention à chaque pas, évitant de buter sur les innombrables pierres et racines serpentant telle une mangrove…

Nous atteignons enfin le Graal, La « Roche aux faucons »!

Un banc en bois, costaud, est perché à un mètre du bord de l’abîme nous offrant une vue exceptionnelle sur l’immense méandre découpant le paysage dans une boucle incomplète…

La vue s’étire à 140° jusqu’à une quinzaine de kilomètres, ce que mentionne la table d’orientation installée quelques mètres plus loin. Nous déballons les boîtes à tartines et nous hydratons un grand coup après les efforts fournis jusque là… Quelle plénitude!

Il nous aura fallu deux heures de marche pour arriver jusqu’à cet observatoire fabuleux, mais il en reste une pour « boucler la boucle ». En route!

La descente par les bois est aussi technique et raide que l’ascension et nous rejoignons les bords de l’Ourthe par la rive droite, via un sentier qui fut encore récemment et régulièrement entravé par les arbres chus lors des inondations historiques de juillet 2021. Là aussi, il nous faut être prudents en marchant, les troncs débités n’ayant pas été dégagés.

Je ne résiste pas à regagner le centre ville par la rue de Bruxelles où mon parrain avait une boucherie début des années 80, époque à laquelle je l’assistai fièrement, mais occasionnellement, à l’atelier où il fabriquait toutes ses préparations lui-même, ce qui forçait mon admiration de jeune adolescent…

Nous franchissons le pont du centre d’Esneux vers la rive gauche et virons à droite vers la rue de la Station où nous dégustons un bon apéro bien mérité, en terrasse, non loin du passage à niveau…

Trois heures et demie de marche (12 km), pause lunch comprise, nous auront une fois de plus ravis! Personnellement, j’aurai marché ces huit derniers jours quelques quarante-sept kilomètres!

Comme je l’ai écrit dans ma chronique n°111 (Borgloon) sur ce même blog, la nature est mon église…

Laurence et moi-même avons parcouru des centaines de kilomètres ces trois dernières années, et cela nous rapproche un peu plus à chaque sortie… Loin des polémiques, débats stériles, pensées négatives et toxiques émanant tout azimut, nous nous « baignons » dans ces instants magiques et féériques, conscients de faire partie de cette nature et de ce monde que nous observons depuis un angle de vue que nous avons choisi…

Avoir raison ou tort n’a absolument aucune importance…

Nous avons décidé de vivre, tout simplement… Hors du temps…

p.s.: aujourd’hui même, le papa de Laurence, Léon, aurait eu 100 ans…

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

19 mars 2023

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