177 – Chronique d’artiste: « Boris Mestchersky » (60 – Huy) Art cosmopolite et spirituel.

Présentation de l’homme,

Né à Liège le 21 septembre 1963, de père américain et de mère russo-belge, Boris Mestchersky est un personnage haut en couleurs et en influences artistiques et pluri-culturelles.

Vivant avec sa mère en Espagne (Séville et Soria) jusqu’à l’âge de neuf ans, il grandit en famille d’accueil en Belgique. Scolarisé au collège Saint-Quirin (Huy), il étudiera à Saint-Luc (Liège) avant de se conformer à ses obligations de milice belge (1985).

Après une période d’introspection spirituelle de quelques années, il renouera ensuite avec l’Art qui l’habitera toute sa vie et plus que jamais encore aujourd’hui.

Marié depuis 1991, il installera son atelier à l’ancienne gare de Barse (Vierset, vallée du Hoyoux, région hutoise) qu’il dut quitter pour s’installer enfin à Huy, par un concours de circonstances et d’opportunités qui lui furent favorables, mais n’entrons pas dans ces détails.


La rencontre avec Boris,

Au cours de ma vie professionnelle antérieure (certains « sachent »), il y a de cela une dizaine d’années, Boris a croisé ma route alors qu’il s’inquiétait du sort et du bien-être d’une famille hutoise. Sa bienveillance et son altérité se manifestèrent à moi dès les premiers instants.

Le « filtre bleu » de ma fonction d’alors ne suffit pas à me laisser insensible à sa demande ainsi qu’à son regard sincère… Nous nous revîmes régulièrement et sympathisâmes.

Mes pérégrinations humaines et mes diverses (et nombreuses à présent) chroniques de ces trois dernières années convergèrent naturellement vers cet homme de grand gabarit et à la barbe généreuse.

Son chapeau de cuir engoncé sur le caillou et son pantalon maculé de traces (et non de taches) de peinture trahirent l’incarnation du grand artiste et homme qu’il est.

Très cultivé, modérément indigné, un peu militant de gauche, l’envie d’écrire à son sujet ne me « saisit » pas d’emblée au tout début, mais ce ne fut qu’un sursis…

Jeudi 27 avril 2023, de passage devant le n°2 de la rue des Rôtisseurs à Huy, je vis Boris trônant devant sa galerie d’art éphémère, affichant à mon égard son sempiternel sourire.

Jetant un oeil (voire les deux) par dessus son épaule, je constatai la présence d’une oeuvre en cours de réalisation, posée sur un chevalet en bois derrière la vitrine. Immédiatement franchi le seuil, je fus littéralement happé par l’explosion de couleurs. Interpellé et ébloui, je m’immobilisai devant une toile évoquant une émulsion champenoise…

Les textures, les couleurs chatoyantes, les contrastes, m’emmenèrent tantôt dans des émotions pétillantes ou « bullesques », tantôt kaléidoscopiques ou civilisationnelles…

Mon coeur est conquis!

L’interview,

Je retourne voir Boris le lundi 1er mai 2023, avec Laurence, et nous discutons ainsi que réalisons les photographies originales illustrant cette chronique.

Boris nous décrit quelques unes de ses oeuvres:

« Celle-ci est inspirée de la Caldera Napolitaine, évoquant les concrétions de lave incandescante et amalgamées en milieu aqueux »

« Celle en cours de réalisation sur le chevalet évoque le thème de la Tour de Babel. »

« Quant à celle-là, j’ai adoré ce qu’elle t’a inspiré lors de ta première visite, Vincent! Haha! Tu peux le répéter dans la chronique, si tu veux! »

Il s’agit de la toile aux tons bleus, à droite de Boris, sur la première photo d’en-tête (vignettes). Boris a raison, il a ri lorsque je lui ai spontanément déclaré que cette oeuvre me faisait penser quand je fais un cumulet dans l’eau d’une piscine ce qui me procure un sentiment d’allégresse proche de l’ivresse. Comme quand l’on jète un comprimé d’Alka-Seltzer dans un verre d’eau!

Un grand format prédomine au coeur de la galerie éphémère (cf photo ci-dessous). Boris enchaîne:

« Cette toile évoque « la carte du tendre », du nom de la chanson de Georges Moustaki. Imagine une échographie… On perçoit, au centre de la toile, le foetus lové dans la poche amniotique, à l’abri des bruits de l’extérieur, esquissé par des vitraux d’église. Le bébé est comme au coeur d’une église, au calme, n’entendant les sons extérieurs au ventre de sa mère qu’étouffés. Comme lorsque l’on perçoit le monde spirituel et invisible, en soi… »

Une autre toile figurant deux clowns, l’un vêtu de blanc lumineux, l’autre de bleu foncé, est exposée au mur:

« Ces deux clowns, c’est « Ombre du jour ». Cette scène évoque la part d’ombre attachée aux personnes. Le Christ estompe les ombres humaines au profit de l’épanouissement de la part de lumière… »

Enfin, un de mes coups de coeur (cf photo ci-dessus, à l’extrême droite), est « Le Flibustier »:

« Cette toile, « Le Flibustier », évoque une ancre colonisée par des concrétions coraliennes, au fond des eaux salées… »

Quelles sont tes techniques, Boris?

« Toutes mes toiles couleurs sont à l’huile. Les noirs et blancs sont à l’encre de chine, crayon et poscat (feutres acryliques). J’ai des inspirations d’influence orthodoxe, tu comprends… »

Cette galerie éphémère, comment et pourquoi, Boris?

« Le bâtiments va faire l’objet de transformations et est vide actuellement. J’ai rencontré le propriétaire à l’automne passé, et je lui ai demandé si je pouvais louer le rez-de-chaussée durant une quinzaines de jours, fin décembre 2022. Il a hésité puis accepté, et cela a duré jusque la mi-janvier 2023. J’ai réitéré d’avril à mai 2023, comme tu peux le constater. L’exposition prendra fin le 15 mai 2023. »

Merci de ton accueil, cher Boris!

« Merci à toi, Vincent! » (accolade)


Débriefing,

Boris Mestchersky, cet homme là, à l’instar des grands, il est habité par son art qu’il incarne.

Un parcours de vie singulier, des circonstances de vie, des rencontres humaines, des quêtes existentielles, une ou plusieurs culture(s), bref, tout ce qui « façonne » un être humain dont l’expression et les perceptions de réalité se traduisent sur la toile…

Il n’en faut jamais davantage pour animer mes mains sur le clavier d’ordinateur et tenter de mettre à l’honneur l’un des nombreux artistes que l’on peut rencontrer sur le pavé de notre cité médiévale hutoise mosane.

Courez (sans choir!) rencontrer Boris, et laissez-vous transporter par son Oeuvre, où qu’elle s’expose…

Rien n’est beau, rien n’est laid, tout est une question de ressenti et d’interprétation. Un artiste est comme un Livre, si vous ne parcourez pas les pages intérieures, il ne vit plus…

Merci Boris Mestchersky, merci l’artiste!

Et bon vent!

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

1er mai 2023.

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