



Au siècle passé, en 1969, « Bel Téléphone » commande à trois architectes (G.Gapouillez, J. Dupuis et H. Guchez) les plans d’un site aujourd’hui désaffecté, mais dont la première antenne parabolique fut cependant inaugurée en juillet 1972 par le Roi Baudouin.
Naquit alors la « Station terrienne de télécommunications spatiales de Lessive » (Rochefort).
Le site naturel (au départ) de cinquante hectares comptera cinq antennes en 1993, dont les diamètres varient entre 18 et 30 mètres et les hauteurs entre 22 et 35 mètres.
Ces antennes « Cassegrain » ou « grégoriennes » (des noms de Laurent Cassegrain et James Gregory, inventeurs des premiers télescopes) servirent de relais de télécommunications entre les satellites et les moyens techniques terrestres, au service de la « Régie des Télégraphes et Téléphones » (la R.T.T. , fondée par l’Etat belge en 1930) qui deviendra Belgacom en 1992.
Les plus de quarante ans se souviendront de ces Renault 4 orange bardées d’une ligne blanche longitudinale et du logo caractéristique de la RTT peint sur les portières (cf photos d’en-tête).
En 1993 fut également érigée une tour hertzienne de 52 mètres de hauteur qui est affublée aujourd’hui de relais de téléphonie mobile.



Près de trois millions de visiteurs belges (dont je fis partie) visitèrent les lieux accessibles dès le début et jusqu’à la toute fin des années quatre-vingts, voire début nonante.
Le site avait été initialement choisi pour sa topographie à l’abri du vent (cuvette) et sa localisation isolée de toute perturbation électromagnétique urbaine.
Jeune adolescent, vers 1983-1985, je visitai le site avec mes parents et grands-parents maternels. Je fus impressionné par les appareils de téléphonie filaire qui permettaient de voir son interlocuteur sur un petit écran, ce qui passait à l’époque pour de la science fiction…
J’avais aussi expérimenté un « Death Ride » installé par les militaires belges d’où je descendis du sommet de la tour hertzienne de 35 mètres, suspendu à une tyrolienne… (oufti!)
L’activité de Belgacom cessa d’y être exploitée en 2001, selon la documentation, mais une partie (6 Ha) fut encore exploitée par une société indienne qui travaillait pour l’Afrique, ainsi qu’un centre de formation technologique (Tecnobel, Belgian Satellite Service) qui déménagea ensuite à Ciney.
En 2012, Belgacom décide de céder le site dont l’obsolescence était évoquée. En 2016, un investisseur belge l’acquit et fomenta le projet, dès 2018, de reconvertir cet espace naturel en « Jardin des Paraboles », un projet d’urbanisation et de mixité sociale qui fit polémique d’emblée, en témoignent les pancartes du « Comité local des antennes de Lessive » affichées aux quatre coins du village.
Les premiers travaux devraient, semble-t-il, toutefois commencer en 2022, le permis ayant été accordé récemment.



Notre randonnée prit départ à l’église Ste Marguerite de Lessive, comme suggéré sur les sites de promenades, et devait nous mener proches et aux alentours des antennes sur 7,5 km (losanges jaunes). Or, une balade fléchée « rectangle rouge » indique une vue sur le site des antennes. Dilemme…
On prend la « rouge », go! Tiens, elle coïncide avec la jaune, au début! Bon, on verra bien…
Rapidement, à la sortie du village, nous ne trouvons plus de flèches, sauf dans le sens du retour… Ça m’aurait étonné! On remonte donc la rouge, ce qui n’est pas évident car il faut se retourner sans cesse pour trouver les balises, quand elles existent… (pffff, cf balade précédente, chronique n°130, à Somme-Leuze)
Les antennes, nous les aurons vues, ça oui, mais la balade durera près de 12 km, perdant les balises « rouges » au profit des « losanges jaunes » qui nous conduisirent à « Ave-et-Auffe », chapelle St-Michel »… Ben oui, il existe une balade « losanges jaunes » au départ de la localité voisine, ce qui ne fait pas nos affaires… Bref, nous marchons jusqu’au coucher du soleil, et retrouvons avec bonheur la voiture, après quatre heures de marche sous un beau ciel bleu…
Les paumés de Wallonie auront un jour une médaille… (c’est nous…)
Cette randonnée sur les traces du « passé du futur » nous a ravis! L’Empire des sens au coeur de l’obsolescence technologique, cela confère à notre journée un sentiment particulier, là où les hautes tiges cernent les vestiges, les arbustes envahissent le vétuste…
Pas de bol pour les paraboles, qui, contrairement aux satellites, ne peuvent être désorbitées en fin de vie…
On aura fait Lessive avec les pieds et nous sommes essorés!
Du hertzien à la 5G, nous en aurons bien profité!
Ci-dessous, je joins deux liens d’infos sur les orignies du site et sa reconversion actuelle:
A bientôt pour de nouvelles aventures et découvertes! (ou un billet…)
Vincent Poitier, alias « le pensiologue »
1er Mars 2022
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