145 – Billet hutois: « Huy, je t’aime Fort » (le Fort de Huy)

Le chemin de la résilience est long et sinueux…

Pour mieux contempler mes racines hutoises, je suis monté au sommet de leur arbre, à septante mètres au-dessus du niveau de la Meuse, le Fort de Huy.

Je peux le voir par la fenêtre de ma maison, et mes pensées y déambulent souvent sans avoir à gravir le chemin « du Comte Bazin », ce que je décidai de faire (refaire) ce 07 juin 2022…

De ce colossal perchoir historique, j’ai le sentiment d’observer le film de ma vie qui prit naissance sur ce bassin mosan (à l’hôpital « Reine Astrid », actuel CHRH), il y a près de cinquante ans….

D’un seul mouvement oculaire, je balaie plusieurs kilomètres de paysage hutois, suivant le méandre magnifique de son fleuve, caressant cette ville de Huy avec tendresse en période de basses eaux…

Le spectre de mon enfance, de mon adolescence et de ma vie adulte et professionnelle m’apparaît, où que je pose mon regard… Pas un mètre carré n’échappe à ce film intérieur…

Huy, ma belle, tu m’as accueilli, je t’ai aimée, haïe, pardonnée, mais surtout, je t’ai arpentée sous toutes les coutures, et cicatrices…

Tu m’as blessé parfois, j’ai tenté de colmater certaines de tes plaies, en vain, oubliant que tu n’avais pas besoin de moi pour cela…

Perché sur la crête de ton « Mont Picard », je foule ces vieilles pierres bicentenaires, théâtre de tant de douleurs que nous rappelle le conflit Russo-Ukrainien…

J’expie les miennes (mes douleurs), regardant l’horizon que nul ne peut effleurer du bout des doigts…

A l’instar d’un vieux couple divorcé, je renoue avec toi un lien d’amour-amitié, me remémorant nos bons souvenirs que rien ne peut altérer…

Avant de sortir, je visite malgré moi les pièces dédiées au musée de la grande guerre…

C’est prégnant, émouvant, et je me dis que mon instinct m’a amené en ces lieux, aujourd’hui, sans aucun préavis…

Je vis l’instant, suivant mon coeur, en cette énorme demeure…

En quittant ce havre de mémoire, je cause quelques minutes avec « Cathy », la dame de l’accueil, qui préfère que je ne la photographie pas…

Elle vit à Huy depuis 48 ans, et désire rester dans l’ombre, fidèle à ce lieu qui invite à l’humilité…

Huy, je t’aime Fort, aussi fort que l’on peut aimer, sans raison ni tort, parce que sur ta terre, je suis devenu cet homme fort, que de nos souvenirs je me remémore…

Du « toit » de ton Fort, tous tes petits problèmes semblent si dérisoires qu’ils ne demeurent que dans ma mémoire…

Sous tes « jupes » j’ai grandi, et en ce jour je te dis « merci », merci pour cette intimité et cette histoire, que de ce billet je fais grimoire…

Je rends hommage à cette Dame de grand âge, qu’est cette belle ville, que je redécouvre sous un regard civil…

Huy, je suis ton fils, depuis et pour toujours, et tu resteras à jamais mon « Memphis »…

p.s.: Toutes les photographies sont de mon propre chef, ce 7/6/22.

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

07 juin 2022

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