076 – Chronique intime: « Les portails de la vie… »

Le 18 mars 1992, j’ouvrais un des premiers livres de la bibliothèque de ma vie, celui de l’armée (obligation de milice à l’époque qui m’amena à signer 24 mois d’active) qui m’entraîna ensuite vers l’uniforme bleu, certainement pas par vocation mais par des circonstances de vie toujours surprenantes… Au total, vingt-neuf années déterminantes…

Le 26 mai dernier, je ressentis le besoin de retourner fouler l’ancien parade-ground du centre d’Instruction militaire n°1 de Saive (Blegny), la caserne « De Cuyper-Beniest », où ma maman me déposa à l’âge de 19 ans devant le corps de garde…

En quelques minutes, je perdis mon innocence et mon adolescence, dans un uniforme kaki qui me fit ressembler à tous les jeunes qui franchirent le même pas ce matin-là…


Le 26 mai 2021, j’ai cru apercevoir le fantôme de moi-même, 30 ans plus jeune, battre le pavé de cette plaine de parade devenue obsolète depuis fin 2011… Reconvertie civilement, cette caserne en porte toujours le nom « La Caserne »…

Tout est différent, l’enceinte ayant disparu ainsi que les terrains de sport, mais tout est pareil, comme figé dans le temps… Je revois mon ancienne « cale », au bâtiment « E », deuxième compagnie… Les souvenirs sont prégnants, surtout quand ils vous rejoignent dans le présent…

J’y ai séjourné six semaines intenses et rudes, après quoi j’ai passé six autres semaines à Peutie (Vilvoorde) et ensuite 21 mois à Cologne, où j’ai habité (Weiden 4TTR – FBA). J’en suis revenu marié et père, très jeune…

Je rêvais d’être pompier depuis l’adolescence, et je suis devenu flic par des concours de circonstances sur lesquels il est inutile de revenir…

Aujourd’hui, 27 mai 2021, je franchis un nouveau portail que j’ai abordé le 11 septembre 2019… Le 11 septembre, tiens donc… Ma tour s’est effondrée… Je la reconstruis lentement, après avoir déblayé les gravas…

Les uniformes, c’est au placard, définitivement… Cela vient d’être confirmé officiellement… Mais quelle nouvelle porte, à présent? Chaque jour qui passe m’y mène…

Je ne veux plus de conflit, de violence, de haine, d’insulte, en tout cas, pas de ma part… Mon dosimètre a explosé… Vivre, au risque d’en mourir, mais pas dans l’âme, que je ne vendrai jamais plus…

Merci la Vie, merci l’amour, merci à tous, chacun d’entre vous, que j’ai croisé sur le chemin, qui m’avez nourri d’une manière ou d’une autre, et merci à ceux que je n’ai pas encore croisés… J’ai hâte… Je me réjouis…

Un proverbe dont je ne me rappelle plus l’origine, sans doute chinoise, dit ceci:

« Un être humain peut vivre quelques minutes sans air, quelques jours sans eau, quelques semaines sans nourriture, et une éternité sans réponse… »

Vincent Poitier, alias « le Pensiologue »

27 mai 2021

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