182 – Chronique/interview d’une photographe graphiste, créatrice digitale: « IBY FEKETE » (Huy) alias « IlétaitunefoisSélène » (Une Ibis contemporaine).

Introduction

Sans plus trop d’appels, mes chroniques d’artistes se tassaient quelque peu, et puis il y eut des synchronicités…

J’ai connu Iby Fekete à l’Athénée Royal de Huy, aux études du cycle d’enseignement secondaire, fin des années 80′, comme ça, comme tant d’autres. On s’est croisés quelques fois, bien des années plus tard, comme ça aussi, se reconnaissant, sans se rencontrer vraiment.

C’est son Art qui m’a appelé, sans l’ombre d’un doute, sur les réseaux sociaux, mais aussi lors d’expos régionales lors desquelles Iby présentait ses oeuvres, sans même que je ne sache qui en était la créatrice. C’est en y regardant de plus près que j’ai enfin opéré le rapprochement. J’aime les artistes qui ont un « Univers » singulier ce qui est la cas d’Iby.

Au fil des semaines, des mois, « ça me chipotait », comme on dit chez nous… C’est alors que le contact s’est établi, via Facebook, comme ça.

Rendez-vous est fixé entre Iby et moi-même pour une « interview » écrite sur mon blog. Le lendemain, échappant à une averse au centre de Huy, je me réfugie au « Caribouff« , chez Luigi, où la chaleur humaine baigne toujours l’atmosphère du lieu. Touillant dans mon café, je constate que plusieurs oeuvres de Iby sont exposées aux murs. Luigi m’en parle avec égards, confortant mon appel…

Les influences et inspirations de Iby semblent plurielles. C’est ce que je capte subjectivement, avant de la rencontrer, au travers de ses oeuvres. Un univers croisant « Tim Burton« , les légendes scandinaves ou encore Stanley Kubrick… Le raffinement se mélange paradoxalement avec une certaine rugosité qui fait de l’artiste une esthète sublimant parfois le « trash« , sans susciter aucun malaise, bien au contraire.

Tantôt son oeuvre coupe le souffle, tantôt elle insinue la mélancolie, tantôt elle arrête le temps, captant l’instant « T » qui le glorifie avec souvent une certaine dose d’humour et d’ironie tendre…

L’outil graphique et numérique lui permet de proposer au spectateur une vision de la réalité traduisant ses propres filtres, ceux de ses perceptions d’artiste.


L’interview de Iby

Pour l’occasion, je rejoins Iby au « Caribouff!« , mercredi 30 août 2023 à 09h30, rue des Augustins à Huy, chez Luigi. Elle est déjà présente…

Le lieu est propice, tout le monde se salue, et beaucoup connaissent Iby. Nous nous installons à une table, au coeur du lieu…

Question 1: Salut Iby, merci pour cette rencontre partagée sur mon blog! On s’est connus il y a de cela plus de trente ans, à l’Athénée Royal de Huy, mais où étais-tu depuis tout ce temps? On s’est souvent croisés sans jamais vraiment se découvrir…

Réponse 1: « J’ai étudié le violon au conservatoire de Huy, très jeune, puis j’ai chanté du play-back de mes 14 ans à mes 17 ans environ. J’adorais Michaël Jackson, je portais même une perruque lors de mes prestations (hihi). J’ai passé quelques concours avec ma maman. J’ai toujours aimé les milieux artistiques… Après l’Athénée de Huy, j’ai entamé un graduat A1 à l’école d’infirmières de Huy (tu étais là aussi!) mais je n’ai pas poursuivi. J’ai alors fait un graduat A1 en secrétariat médical à l’école normale de Huy et j’ai été diplômée à 25 ans (maman voulait que j’obtienne un diplôme). J’ai travaillé dans la Mode pendant 19 ans (J’étais mannequin mode). J’ai aussi travaillé dans l’événementiel pendant 4 années à Anvers. De retour à Huy, à l’âge de 31 ans, je suis devenue aide-soignante et j’ai exercé cette profession durant 19 ans auprès des personnes âgées atteintes d’Alzheimer. J’adore les personnes âgées. J’en ai connu beaucoup qui étaient très seules, ce qui me touchait énormément. L’une d’entre elles m’a inspiré mon personnage « Alphonsine » (la dame aux mains devant le visage, en noir et blanc). Suite à un accident de voiture, je n’ai plus pu exercer mon métier (depuis octobre 2022). »

Q2: Tu es d’origine hongroise (Budapest). Tu as vécu la majeure partie de ta vie en Belgique?

R2: « Je suis née à Huy, mais je suis de parents hongrois et Tchèques. J’ai vécu une grande partie de ma vie à Huy et Marchin (mon adolescence). »

Q3: Tu as toujours été artiste? Comment en es-tu venue à ton Art?

R3: « Je fais de la photographie depuis 9 ans. On m’a offert un appareil photo me disant que j’avais un don, de grandes dispositions! J’ai commencé à prendre des clichés dans les cimetières, où je trouve qu’il y a beaucoup de « Vie »… J’aime aller plus loin que l’image. J’ai connu beaucoup de décès dans mon travail auprès des personnes âgées. Les photos sont devenues un exutoire pour moi, un mode d’expression. »

Q4: Comment opères-tu dans tes créations? Quelles sont tes sources d’inspirations, tes thèmes, tes supports?

R4: « Un jour, une jeune fille, Mélissa, s’est présentée à moi pour poser, et d’autres ont suivi. J’ai aménagé mon grenier en « studio » où j’ai même un « Bloody-Wall » (mur de signatures de mes invités). J’ai reçu des modèles canadiens, italiennes, des « Top Models Belgium », par exemple. J’ai aussi toujours aimé le glauque, le dark, le sombre… »

Q5: Tout humain porte des blessures… L’Art est-il un vecteur pour toi, dans la gestion de vie?

R5: « Je peux extérioriser mes démons intérieurs, comme tout le monde en a. J’ai traversé une période très difficile après mon retour d’Anvers. J’ai eu une relation fusionnelle avec un chien que j’ai adopté, « Kenny« , pendant 14 années. Il fut un ange gardien tombé du ciel dans ma vie. On m’appelait même « la femme au chien », dans mon quartier. »

Q6: Pour toi, l’Âme, la conscience, c’est quoi?

R6: « L’Âme, je crois que c’est le parcours de vie. Je crois que tu nais avec elle. Tout le monde peut écrire, photographier, etc… C’est ta touche personnelle intérieure qui fait la différence, l’intention, la voix intérieure… « Fifine » (la dame au poisson sur la tête, haha! c’est son chapeau anti-gouttes!) est une image intérieure convertie en image numérique. J’ai fait une formation « chef d’entreprise » à l’ IFAPME, ce qui m’a permis de développer l’outil numérique. J’ai du faire un travail d’animation. J’ai réalisé ce travail par l’histoire d’une poule! Ma « Popoyette! » (rire). »

Q7: D’où vient ton alias? (IlétaitunefoisSélène) La Lune?

R7: « Cela vient de la déesse de la Lune. J’étais une « diurnambule »! Une nocturne qui déambulait le jour… »

Q8: Question un peu indiscrète… Tu n’es pas tenue de répondre… Qui est LUAN, ton fils spirituel?

R8: « C’est le fils que j’ai toujours voulu avoir, ma famille imaginaire… Sa photo est une création numérique. Un « mash-up » entre moi enfant et Jim Morrison, mon idole, qui était un écorché. Je me retrouve dans ses poèmes… LUAN signifie « lumière », et lion en albanais (je crois). »

Q9: Tu aimes Paris, semble-t-il. Tu viens d’y aller et tu y vas régulièrement. Pourquoi?

R9: « J’aime le « Père Lachaise » (où est enterré Jim Morrison). J’adore « Montmartre » pour ses artistes. Paris est riche artistiquement. »

Q10: Merci Iby pour ta confiance et ta sincérité. Bonne route et bon vent sur ton chemin de vie!

R10: « Je veux remercier les gens qui s’intéressent à mon travail. La création numérique est libre de droits et offre une liberté créatrice. J’aime faire évoluer les images, aller plus loin dans la folie… »


Débriefing

Ce matin, en montant dans la voiture pour me rendre à notre rendez-vous, le morceau qui commençait à la radio était « It’s a beautifull day » de U2. Ensuite, le parking bondé du quadrilatère m’a offert la seule place disponible à ce moment-là, juste à coté des escaliers menant directement chez Luigi… Comme quoi, il y a des matins, tu sens très bien que tout ira très bien… (hommage à Freddy Tougaux)

Avec Iby, le courant est bien passé, nous étions connectés et nous nous sommes enfin rencontrés humainement, au bout de plus de trente années. C’est son Art qui m’a parlé, donc son âme, et les âmes ne se trompent jamais!

Tout cela devait arriver, et c’est arrivé… C’est ainsi que les choses adviennent, malgré nous, mais avec nous. Il faut simplement être prêt sans rien prévoir…

Merci Iby, et bonne route l’artiste!

(et merci à Luigi)

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

30 août 2023.

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