21 avril 2022, début d’après-midi ensoleillée mais venteuse, nous sommes, Laurence et moi-même, au bout d’un des bras artificiels du chenal du port de Ostende. Je scrute les flots et remarque ce bateau rouge et blanc, rapide et particulier.
Il s’agit d’un des bateaux pilotes de l’Agence des Services Maritimes et Côtiers, lequel bateau transporte un pilote chevronné à bord d’un gros navire accédant aux ports de Ostende, Niewport ou encore Zeebruge, afin de le guider sans encombre ni dommage aux installations portuaires. En effet, les bancs de sables, les courants, le fond, sont autant de périls potentiels qui guettent les marins non avertis.
Immédiatement, je convertis cette prérogative maritime en métaphore humaine, ce qui ne manque jamais de se produire. C’est plus fort que moi…
La mer, la vie… L’état de la mer, les évènements de notre vie… Les courants maritimes, nos énergies vitales… Les bancs de sable et le trafic, les obstacles de la vie… La nébulosité, les filtres et conditionnements personnels…
Comment naviguer sur le cours de la vie lorsque l’on ne connaît ou maîtrise pas ces paramètres, aux abords des côtes, ces points d’ancrage?
Prend-on le risque, égotiquement, de s’en sortir seul, avec des connaissances limitées, bravant les dangers, ou choisit-on de faire appel au bateau pilote, cette conscience qui sait et qui nous guidera, si nous le lui demandons?
Ce pilote chevronné qu’est notre âme sait mieux que nous où est son intérêt, mais cognitivement, par fierté, nous décidons quelques fois de suivre ce que nous dicte notre raisonnement, conditionné par des impératifs divers qui sont économiques, matériels, temporels, conformistes ou que sais-je encore…
Mais en cas de péril inopiné, il nous faut ensuite appeler à l’aide des secours urgents, et nous frisons la catastrophe, à notre détriment et à celui d’autrui qui eux aussi naviguent…
Appeler son bateau pilote, c’est accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, c’est remettre sa vie entre les mains d’une entité qui nous guide, qui prend les commandes et nous amène à bon port…
Renflouer un navire est une opération colossale à côté d’une bonne escorte au départ…
L’eau de la mer est la même, qu’elle soit d’huile ou tempétueuse…
Et les bancs de sables se nourrissent des courants marins, que nul ne peut contrôler…
Vincent Poitier, alias « le pensiologue »
28 avril 2022.
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