168 – Chronique aviaire: « J’ois ou paye » (Oupeye, Hermalle-sous-Argenteau – Le Hemlot et le Lac de la gravière de Brock)

On dit souvent que le temps, c’est de l’argent. A mon humble avis, cet adage ne casse pas trois pattes à un canard…

Disposant de plus de temps que de « sonnant et trébuchant », j’ai investi ce temps, pour un moment, à contempler le monde qui m’entoure…

« J’ois ou paye »… J’ai choisi la joie à Oupeye, ou plus exactement à Hermalle-sous-Argenteau, en compagnie de mon âme soeur, initiatrice de cette balade et qui partage avec moi son précieux temps depuis près de dix-huit ans, en plus de son coeur battant…

Coincés entre la basse Meuse et le canal Albert, le « lac de la gravière de Brock » et le lieu dit « le Hemlot » offrent un havre de paix et de nature inouï dans le bassin industriel mosan liégeois…

Au départ de l’église Saint-Lambert, sur la place Gérard Froidmont, un parking accessible et spacieux est mis à disposition en bord du fleuve. Il ne reste qu’à suivre les balises « rectangle vert » guidant le promeneur durant une heure et demi sur six kilomètres.

Longeant l’île de Franche par le ravel, le « Hemlot », petit bras de Meuse, abrite nombre de volatiles et palmipèdes divers dans un cadre vintage mais bucolique…

De vieux esquifs délabrés semblent ignorer le temps depuis longtemps…

« J’ois les oies qui nous mettent en joie », aurait déclamé le regretté Raymond Devos qui serait centenaire aujourd’hui…

Nous délaissons cette carte postale d’un autre âge et empruntons une venelle où trois signaux d’interdictions de circulation paraissent avertir démesurément toute velléité d’usage autre que piéton…

Traversant un quartier résidentiel calme, nous accédons rapidement à l’ancienne zone industrielle d’extraction de gravier exploitée durant une dizaine d’années par la société « Brock » dès 1983, laquelle société conféra son nom à l’actuel lac de la gravière, complètement réaménagé en 2012, s’étendant sur sept hectares et dont le périmètre couvre deux kilomètres et demi…

Lieu d’hivernage pour bon nombre d’oiseaux, ce biotope n’est perturbé que par le bruit de fond continu généré par l’usage intense de l’autoroute E25 déroulant impassiblement son ruban sur la rive droite de la Meuse en direction des Pays-Bas, à quelques kilomètres à peine…

Faisant figure d’attraction pour le gosse qui vit toujours en moi, un pont flottant en bois, d’une longueur d’une centaine de mètres, permet au visiteur de rallier deux rives du lac à pieds secs, ce qui agrémente la visite…

Des caillebotis en très bon état sillonnent la partie marécageuse entre les milliers de roseaux oscillant au gré du vent…

De nombreux bancs invitent à la contemplation, voire au pique-nique…

Cette nouvelle parenthèse inattendue conforte la dualité de toute chose en ce bas monde, quand la beauté et la sérénité contrastent avec le marathon de la croissance économique qui, reconvertie et rendue localement à Dame Nature, rappelle que rien ne sert de courir, il faut prendre le temps…

p.s.: toutes les photos sont originales et de mon propre chef…

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

17 novembre 2022.

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