Billet 010 – Il en faut peu…

Il en faut peu…

(25 mars 2015)

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J’ai remarqué que la vie contextualise aisément les évènements qui jalonnent le quotidien… Il n’y a rien à faire réellement, tout se produit naturellement par des concours de circonstances organisant à notre insu d’autres circonstances, dont les natures sont liées…

Etant moi-même devenu, pour quelques semaines seulement et heureusement, une personne à mobilité réduite, je me suis rendu compte de toutes les petites contraintes qu’impose quelle que réduction de mobilité que ce soit, pour qui que ce soit…

Je me rendis au sein d’un centre de revalidation neurologique, au chevet d’un ami de longue date, lequel a été récemment victime d’accident vasculaire cérébral.

Je faisais les cent pas, du second étage au rez-de-chaussée, patientant qu’il regagne sa chambre à l’issue de sa séance d’ergothérapie…

Il me l’a dit lui-même, nous ne sommes rien, tout peut basculer d’un instant à l’autre… (cf billet 2, « Chaque seconde qui passe »)

Tandis que j’attends l’ascenseur, une dame de près de quatre-vingts ans fait de même, assise dans sa chaise roulante…

Elle lève la tête et me demande si j’accepterais de la reconduire à sa chambre, au troisième étage, ce que j’acceptai sans réfléchir.

Je poussai dès lors son moyen de transport paramédical jusqu’à la destination demandée. Elle ne cessa de me remercier et de me signifier que j’étais vraiment très gentil, mais vraiment très gentil…

Je fus quelque peu interpellé par tant de reconnaissance ce qui de nous jours, pourrait presque paraître suspect, finalement…

Ce sentiment fut rapidement balayé par une certaine satisfaction, elle-même nourrie par un embryon d’altruisme…

La vieille dame me demanda d’installer sa chaise roulante près de la télévision, ainsi que de lui verser un verre d’eau, ce que je fis avec plaisir…

Elle me confia ensuite que son mari l’avais battue par le passé, et que j’étais, aujourd’hui, l’homme de sa vie…

Cette réflexion me fit comprendre à demi-mot la raison de sa présence dans cet établissement, probablement, mais peu importe, je la trouvai charmante…

Je dus invoquer ma visite auprès de mon ami afin de prendre congé d’elle, car j’aurais certainement passé la fin de la journée à l’écouter…

J’imaginai même que je ne dûs pas être le premier « bon samaritain » de cette noble femme, ce qui ne m’ôta pas de l’esprit qu’il en faut peu, très peu, pour être heureux, heureux d’avoir fait plaisir à une inconnue…

Cette pensée fut confortée par le large sourire qu’afficha mon ami, en me voyant, « véhiculé », lui aussi, par la bonne âme de cet ergothérapeute qui a choisi d’être au service d’êtres humains « diminués ».

Ces êtres eux aussi, en ont fait tant pour leurs semblables…

Mon ami s’appelle Laurent, je l’ai rencontré il y a vingt-sept ans, et il a été sapeur-pompier, durant la plus grande partie de sa vie…

Il mérite qu’on prenne soin de lui…

Le Pensiologue,

 

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