179 – Chronique rando médiévale: « Le Tombeau du Chevalier » (Lorraine gaumaise, château d’#Herbeumont – Belgique)

Ne dites jamais à un gaumais qu’il est ardennais, auquel cas il pourrait vous expédier dans les douves du château d’Herbeumont! (Mais elles sont à sec, ouf…)

Fête nationale belge 2023. Aucune envie de regarder le sempiternel défilé à la télévision. So what? Direction Herbeumont, bourgade de moins de mille sept-cents âmes en province de Luxembourg, sur la Semois. C’est un peu loin de chez nous (Huy) mais nous ne regretterons pas d’avoir parcouru les cent et six kilomètres d’asphalte nécessaires à ce petit trip médiéval, sur les terres jadis de Jehan de Rochefort (XIIIème siècle, époque où fut érigé le château de schiste.)

Le choix des randonnées est très étoffé depuis la place du village et depuis le château situé à six-cents mètres de là. Nous constaterons également que les balisages sont très clairs et entretenus, ce qui est une plus-value indéniable. Mes repérages sur le web nous invitent à opter pour la randonné de neuf kilomètres: « Le Tombeau du Chevalier » (particularité topographique), offrant des points de vues tous azimuts sur diverses crêtes autour de la butte du fameux château, en suivant les balises « rectangle bleu/1« .

Quittant la place du village par le ravel longeant le coquet parking « Mobilhomes », nous parvenons rapidement sur le majestueux viaduc d’Herbeumont. Composé de sept arches et toisant la vallée de ses trente-huit mètres de hauteur, il nécessita près de neuf millions de briques rouges à sa construction au début du XXème siècle. L’histoire dit que les allemands l’utilisèrent pour ravitailler leurs troupes à Verdun (France) pendant la première guerre mondiale.

La Semois, dont les berges accueillent moultes campeurs et diverses roulottes d’un autre âge, lui « chatouille » les pieds dans un cadre verdoyant et bucolique aux courbes de niveaux affolantes.

En 2020 et 2021, la Région Wallonne a opéré des travaux d’envergure en restaurant tout le tablier de l’ouvrage à destination de la mobilité douce. Cet aménagement impressionnant et moderne contraste quelque peu avec la nature séculaire de sa structure, mais ne boudons pas notre plaisir, le résultat est superbe!

Une heure de marche plus tard, gravissant des chemins escarpés, nous accédons à la « Roche du Moulin« , un des points de vue majeurs de la balade, aménagé de bancs et de garde-fous eux-mêmes agrémentés de signalétiques explicatives. C’est à cet endroit que nous déballons nos besaces, nous sustentant l’estomac et les mirettes…

Le sentiment de plénitude que nous procurent la nature et la vue ouverte sur plusieurs kilomètres à 180° nous ravit et nous recharge les batteries physiologiques, même si leur niveau était plus que satisfaisant après notre séjour en Crête, mais ça, je vous en parlerai peut-être prochainement…

L’euphorie tranquille du moment ayant sans doute érodé notre seuil d’attention, nous commettons une erreur de balisage nous coûtant un détour vallonné de près de deux kilomètres. Soit, nous corrigeons enfin notre trajectoire en rebroussant chemin au lieu où une des balises prêtait quelque peu à confusion.

« Le point de vue de Libaipire » est notre promontoire naturel suivant, depuis lequel nous pouvons admirer ce qui est nommé « le Tombeau du Chevalier« … Une colline évoquant cette appellation et ceinturée d’un superbe méandre de la Semois jouxte la butte du château médiéval de sire Jehan de Rochefort (XIIIème siècle). Notons au passage que ce château perché à 111 mètres fut détruit (sur ordre de Louis XIV) et ensuite reconstruit au XVIIème siècle.

Nos resources en eau s’amenuisent doucement et nous cumulons les kilomètres par monts et par vaux, traversant pour la seconde fois, mais dans le sens opposé, le fier viaduc dont je vous parlais (en écrivant) au début du récit.

Le point d’orgue de l’après-midi étant le fameux château, nos jambes éprouvées peinent à gravir le dénivelé rocailleux aboutissant à la forteresse dont les murs de schiste résistent avec fierté au affres du temps. Des boucs et chèvres de Soay (Ecosse) gardent les contours du site. Ces animaux d’une race très ancienne nécessitent peu de fourrage et supportent mal la chaleur.

Il est près de 17.30 heures, nous avons marché et contemplé durant quatre heures. Notre erreur d’aiguillage ajoutée au détour par le château (hors balisage) nous font comptabiliser (au podomètre) entre quatorze et quinze kilomètres, sur neuf initialement prévus…

Cependant, aucun regret ne nous étreint, ce fut une formidable randonnée!

De bonnes chaussures de marche sont recommandées et les dénivelés requièrent tout de même un certain cardio, il faut l’admettre…

Retour sur la place, à la voiture, enfilant nos « Birks » (les vrais sachent…), nous posons « not’cul » à une charmante terrasse locale, à l’instar d’autres scouts, touristes et habitués locaux, sirotant une bonne bière! (ben oui, on a plus d’eau…)

Après avoir percuté avec le crâne une arête du plafond trop bas des toilettes locales (je mesure 195 cm), nous reprenons la route (un peu longue) vers notre nid, à moins qu’on ne fasse un détour par chez Lulsim, à l’Arbéria (Huy), où l’accueil est toujours chaleureux…

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

22 juillet 2023.

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