203 – Chronique Normande: « Cap ou pas Cap? » – Côte d’Opale, baie de Wissant, pas de Calais – Hauts de France (et un Ch’ti passage par Bergues)

Coquelles (Calais), hôtel « Holiday Inn », à trois cents mètres du Tunnel sous la Manche, et à cinq minutes de Sangate où les premières plages sauvages courent sur trente kilomètres jusqu’à Boulogne-sur-Mer par la côte d’Opale, et d’où l’autoroute A16 (gratuite) nous ramène en quinze minutes. De quoi sillonner et bourlinguer trois belles journées de la mi-mars, quoi que celle du 17 fut assez maussade.

L’activité touristique est un peu dormante en cette période, raison pour laquelle nous posons nos valises à Coquelles. L’infrastructure hôtelière est vraiment sympathique! Parking gratuit, piscine, sauna et Hammam disponibles sans supplément, bref, de quoi reposer nos muscles jambiers chaque soir avant le « ch’ti » resto!

Notre patrouille de reconnaissance du dimanche vers le Cap Gris Nez et le Cap Blanc Nez fut humide et venteuse, certes. La visibilité étant fortement réduite en raison de la nébulosité inhérente aux mauvaises conditions climatiques, nous survolons ensuite Ambleteuse, et Wimereux alors que le vent chasse lentement les vilains cumulonimbus chargés de précipitations pluvieuses.

Ambleteuse arbore le principal vestige de l’architecture Vauban sur les côtes locales, le Fort construit sur la plage fin XVIIème siècle. La marée montante percute les nombreux rochers et la digue présente les stigmates des plus fortes tempêtes et marées de ces dernières années. Consolidée par de l’enrochement ainsi que par des « rustines » en béton, cette digue, comme nombre d’autres du littoral des Hauts de France, résiste encore et toujours aux éléments inéluctables qui abattent leur joug sur leurs contreforts naturels et ceux de construction humaine.

Wimereux, quant à elle, aligne fièrement ses villas typiques et luxueuses sur son charmant front de mer plus fréquenté. C’est là que s’impose un petit apéro sur la petite digue avant de clore cet après-midi de prise de contact.

Bref passage à hauteur de l’Eurotunnel, ouvrage de génie civil toujours impressionnant à observer.

Quelques longueurs brassées à la piscine (fraîche) de l’hôtel nous détendent allègrement avant de gagner la salle de restaurant conviviale. Laurence passera quelques minutes à l’étuve du Hammam tandis que j’effectue quelques cumulets puérils en milieu aqueux et chloré.

Lundi 18 mars, le soleil inonde les 10h00! Direction Sangate, petite bourgade à vocation majoritairement dortoir touristique et dont la plage est praticable à pied, ce qui n’est pas la panacée sur ce littoral très rocheux et accidenté. Une vingtaine de navires en tous genres sont visibles à l’oeil nu en permanence, soit en moyenne cinq-cents quotidiennement! Là aussi, la digue a été sérieusement renforcée par de l’enrochement. D’innombrables bouchots, ces énormes pieux en bois sur lesquels on cultive souvent les moules, sont plantés en séries continues pour contrer quelque peu les assauts des vagues à marée haute. Les premières falaises de craie et de marne friables prennent naissance à l’ouest de la localité jusqu’à culminer à 134 mètres d’altitude au Cap Blanc Nez (voir photos d’en-tête), visibles depuis ce point de vue et situé à quelques trois kilomètres à peine. Il y trône un obélisque majestueux en pierre érigé début des années 1920 en mémoire aux soldats français et britanniques ayant défendu les eaux du pas de Calais durant la Première Guerre Mondiale.

De nombreux Blockhaus (bunkers) allemands résistent encore et toujours, 80 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La petite balade des belvédères, très praticable même aux personnes à mobilité réduite, permet d’observer les côtes anglaises par temps dégagé, ce qui fut le cas lors de notre visite ce jour-là, contraste remarquable avec la veille.

Quelques minutes supplémentaires de voiture nous mènent au Cap Gris Nez, perché à 45 mètres sur du grès. C’est sur ce promontoire naturel géologique qu’est assis le « Cross Gris Nez », station de surveillance et de secours de ce que l’on nomme « l’autoroute à bateaux » sur la Manche, là où elle est la plus étroite entre Calais et Douvres, véritable carrefour maritime, l’un des plus denses au monde.

Juste en arrière de ce Cap demeure pointée vers l’Angleterre la fameuse Batterie Siegfried, renommée Todt, et dont l’énorme bunker est devenu un musée du « Mur de l’Atlantique ».

En route vers Boulogne-su-Mer et arrêt à Audresselles, patelin pittoresque mais déserté à cette époque de l’année, où d’autres traces évidentes d’érosion du trait de côte sont significatives. Un Blockhaus a même été reconverti en gîte, directement en bord de littoral, ce qui est discutable en terme de « Feng Shui ». Ce lieu est un poste avancé d’observation privilégié en cas de forte marée ou tempête, avec sa plage de rochers, au grand damn probable des habitants permanents qui demeurent là.

Le bémol de notre séjour fut sans conteste Boulogne-sur-Mer qui, à l’exception de son Centre historique du XIIIème siècle, ne mérite pas que l’on s’y attarde, ce qui n’est qu’un point de vue strictement personnel d’amoureux de la Nature et des lieux encore plus ou moins sauvages.

Embouteillages, vacarme, mendiants en tous genres. Une ville, en somme… Vite, on se barre de là via la A16 pour profiter de quelques brasses à l’hôtel, pour la seconde fois de notre séjour avant un bon repas précédé de l’incontournable apéro.

Mardi 19 mars, dernier jour déjà, mais nous avons l’intention d’en profiter sous un soleil plus intense que la veille. Sangate, la magnifique plage, le Cap Blanc Nez et ses vues imprenables sur la région. On ne s’en lasse pas, mais on s’enlace!


BERGUES, la Chtite visite.

Dernière étape, on passe à Bergues, sur les traces du film de 2008 de Dany Boon, « Bienvenue chez les Chtis. »

Ce qui est surprenant, c’est qu’avant de franchir les portes d’enceinte de ce village de 3560 âmes, fortifié par Vauban (encore lui), rien ne nous prépare à un tel contraste. Pas étonnant que Dany Boon ait choisi cette localité comme siège de son célèbre film.

Nous stationnons la voiture gratuitement place du Marché aux Bestiaux, devant la salle Vauban, et nous marchons directement vers le fameux Beffroi dont le carillon tinte harmonieusement tous les quarts d’heures. Une lettre manuscrite de l’auteur et réalisateur qui rendit célèbre cette bourgade du Nord est affichée à la vitrine d’une habitation, preuve de l’accueil chaleureux réservé à l’équipe du tournage par les habitants à l’époque. Tous les passants et commerçants nous saluent et se saluent entre eux, ce qui est très agréable et mérite d’être souligné. Il y a fort à parier que tous se connaissent.

J’identifie sans mal le bâtiment qui fit office de Poste dans le film, sur la façade duquel il est gravé qu’il a été offert aux habitants de Bergues par Gaz de France en 2008. Tous les lieux mythiques des scènes filmées à Bergues sont concentrés sur quelques centaines de mètres carrés, dont celle où Kad Merad et Dany Boon urinent dans le canal à l’issue de leur tournée mémorable!

La terrasse de l’actuel café de la Poste indique par ailleurs que la scène où Kad Merad percute spectaculairement les pare-vent vitrés avec son vélo jaune a été filmée à cet endroit précis. C’est exactement là que nous nous installons une vingtaine de minutes avant de prendre la route du retour.

Dernière précision, à aucun moment nous n’avons senti nos doigts de pieds geler, et ça, il est également utile de le mentionner! Les Ch’tis sont très sympathiques, ce village mérite réellement le détour et nous clôturons ce magnifique séjour après avoir marché non moins de 29 km sur nos gambettes qui réclament notre canapé. Pour des quinquas confirmés, nous n’avons pas à en avoir honte…

Bambou, notre très aimée petite chatte de douze ans nous attend à la maison, et elle n’apprécie pas que nous nous absentions davantage sans quoi elle risque de nous tirer la tête…

A bientôt pour une autre chronique et merci de votre visite sur mon blog!

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

Mercredi 20 mars 2024.

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p.s.:Toutes les photos sont originales et de notre propre chef.