


21 degrés un samedi 26 octobre 2024, plein soleil, on ne peut pas laisser passer une telle aubaine de balade forestière! Le domaine provincial de Mirwart sera notre destination bucolique du jour, dans les magnifiques forêts ardennaises de la région de Saint-Hubert.
Nous stationnons rue du Moulin à Mirwart, sur le petit parking jouxtant les voies ferrées, à deux pas du domaine provincial. La balise « Croix bleue 28 » nous indique le chemin immédiatement. 5 km annoncés, deux heures de marche, il est 14.15h, Go!
Les tons automnaux se dessinent sur fond d’arrière saison estivale, à quelques jours de la Toussaint. Seul le passage du train vient à peine rompre la quiétude tant convoitée. Nos articulations quinquagénaires se dérouillent lentement dans les premiers dénivelés, et nos pensées vagabondent vers les feuillages caduques signifiant les rythmes de la vie et de la nature.
Deux affiches nous alertent clairement sur des chasses en cours dans une partie des forêts, ce qui me laisse penser que nous avons « loupé » une balise. Je m’étais informé la veille à ce sujet et notre balade n’est en principe pas concernée (site DNF région wallonne). Le groupe de néerlandophones qui nous dépasse à pas pressés semble ignorer ces avertissements. Soit, nous rebroussons de trois-cents mètres et apercevons le joli petit pont en bois en contrebas de la route et menant aux « étangs Saint Roch« . Nous retrouvons dès lors une balise « croix bleue« .
Fin XIXè siècle, en hiver, des blocs de glace étaient découpés sur l’étang gelé et stockés dans une cavité (La Glacière) pour un usage au château situé non loin, durant la période estivale. L’eau de Mirwart évoque réellement un miroir tant la surface de ses étangs est vierge de tout remous, tandis que le ru « Parfondry » sautille sur les rochers de son petit lit douillet longeant les plans d’eau.


Un second doute signalétique nous impose à nouveau quelques instants de réflexion (mais pas dans l’eau des étangs). Comme disait De Funès dans la Folie des grandeurs: « Il en manque une! » (une balise donc, dans notre cas de figure…)
Laurence a vite fait de dégoter la suivante (par déduction) et nous reprenons le chemin qui grimpe à présent, mais qui grimpe sérieusement durant plusieurs centaines de mètres interminables…
Enfin parvenus sur le plateau forestier, une table et des bancs en bois d’un autre âge nous offrent hospitalité quelques minutes, sous un rai de lumière chatoyant. Un petit préau, récent celui-là (sans doute restauré) abrite une stèle en granit à la mémoire de deux hommes ayant péri à cet endroit en 1773.
Les inscriptions en vieux français, érodées par le temps, ne nous permettent pas d’en comprendre les circonstances somme toute tragiques.
On peut constater un peu partout les traces de passages de sangliers ayant « labouré » les abords du sentier.
Quittant la zone boisée de 1350 hectares, nous traversons le village paisible de Mirwart qui arbore fièrement son Château hôtel-restaurant avant de plonger littéralement vers le fond de la vallée où nous regagnons la voiture après un peu moins de deux heures de marche.
Le célèbre et ancien « Fourneau Saint-Michel » longeant, à six kilomètres, la route du retour, il serait impensable de ne pas y déguster une bonne poêlée du pèlerin accompagnée d’une « Lessai de gatte » (lait de chèvre en wallon, mais c’est une bière spéciale locale) à l’Al Pèle (dans la poêle, cuisine paysanne typique de la fin du 19è siècle). Dans un cadre rustique et chaleureux, nous taillons une petite bavette avec nos voisins de table, tant la convivialité du lieu y est propice. Bref, on est bien, Tintin…


Longeant le petit étang derrière le Fourneau, repus, nous regagnons la voiture sur le vaste parking gratuit. A peine dans nos pénates hutoises, Laurence et moi-même attaquons la réalisation d’une soupe au potiron et céleri, pour une petite soirée pyjama au salon, les jambes en extension, mais sans renverser notre bol de soupe…
Vincent Poitier, alias « le pensiologue »
27 octobre 2024.
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