


Mercredi 16 juillet 2025, ciel nuageux, éclaircies généreuses, 20 à 22 degrés chahutés par un vent moyen, tous les ingrédients propices à la randonnée sont réunis.
Laurence et moi-même préparons les chaussures de marche et le sempiternel sac à dos gonflé de nos réserves d’eau et de quoi pique-niquer.
Notre dévolu sera jeté sur le lac de Robertville, à l’Est de la province de Liège, en hautes Fagnes, dans le parc naturel de l’Eifel, à environ 500 mètres d’altitude contre les 130 mètres de notre nid douillet hutois planté sur les hauteurs de la rive droite mosane.
Les 100 km de routes nécessaires au dépaysement du jour parcourus, maudissant les « centristes » et les « êwarés » du volant, nous stationnons gratuitement titine au pied de l’église de Robertville d’où commencent les balades balisées.
Nous suivrons celle de 6 km (balise rectangle jaune) en lieu et place de celle de 8,3 km, préférant sillonner les berges du lac à 80% (et oui, c’est les soldes).
Les noms de rues sont plus qu’évocateurs du site: « rue du Lac », rue du « Barrage », bref, en avant!
Une dame âgée du cru, bien intentionnée mais un peu « mêle tout« , nous suggère un itinéraire si aléatoire que nous éludons la conversation qui frise le monologue. Longeant la rue du Barrage qui descend vers le Lac, nous empruntons le premier sentier de terre et une passerelle de bois qui permettent au plan d’eau de 62 hectares de dévoiler ses premiers charmes.



Alimenté par la « Warche » et la surplombant de 55 mètres, cette retenue d’eau de 8 millions de mètres cubes datant de 1928 est destinée à alimenter en eau potable la localité de Malmedy.
Notre progression est moyennement aisée, cependant il est inutile d’envisager cette balade aux PMR et poussettes pour enfants. Cailloux, racines, sentiers noueux, nous confortent dans le choix de nos chaussures adaptées basses tiges. Nos mollets sont chatouillés par les orties et plants épineux, tandis que nos avant-bras effleurent les innombrables « digitales« , « chèvrefeuilles » et « épilobes » jonchant les bas côtés du chemin.
Nous accédons au fameux barrage dont la crête s’étire sur plus de 180 mètres, épaisse de 4 mètres et s’accroissant jusqu’à 58 mètres au pied de l’édifice d’ingénierie civile de 57000 m3 de béton conférant au plan d’eau une profondeur maximale de 54 mètres.
Un banc propre et en bon état nous accueille pour le lunch en vis-à-vis de cette masse aquifère, sous un vent plus soutenu.



Nous franchissons le barrage dont la circulation automobile est régulée en alternance par des feux lumineux de circulation et bifurquons sur la gauche via un sentier assez sauvage mais très bucolique.
Certaines invaginations du plans d’eau dans la forêt fagnarde révèlent une luminosité verdâtre qui évoque les tropiques, sous les rayons solaires magnifiant cette nature. Des milliers de nèpes tapissent la surface de l’eau offrant un vivier inépuisable pour la faune aquatique locale.
Nous ne croisons la route que de quelques marcheurs épars mais souriants, partageant tacitement avec nous la béatitude ressentie face à la nature et au calme environnant, ce qui n’a pas de prix…
Comme souvent, nous humons les arômes naturels exhalés par une faune impétueuse et vivifiante, restaurant sans nous en rendre compte notre patrimoine biochimique éprouvé par une vie citadine phagocytante.
Nos chevilles plus que quinquagénaires, bien qu’entretenues par des centaines de kilomètres de randonnées annuelles, nous rappellent lentement qu’il serait prudent de ne pas vaciller dans les eaux du Lac qui nous observe avec ironie, tant le sentier est accidenté par endroit.
Nous traversons une nouvelle passerelle de bois et nous dirigeons vers le pont de Haelen qui nous ramènera doucement vers notre point de départ. Le dernier tiers de la balade est plus aisé. Sur la rive opposée, la marina de « Robertville-les-bains » permet aux visiteurs de profiter de pédalos, barques et kayaks dans cet écrin de verdure délassant.






La dernière demi-heure nous écarte du Lac tandis que le ciel se tapisse de cumulus chargés de pluie potentielle. Le vent fraîchit, les lunettes solaires deviennent inutiles, nous accélérons sensiblement le pas vers l’église de Robertville où nous attend la voiture.
Laurence se ravit un dernier instant des senteurs de chèvrefeuille au bord d’un champs protégé par le bocage, et nous reprenons la route, quittant Waimes, commune souche du site, après ces deux heures et demie (lunch compris) de détente.



De tels moments de grâce finissent régulièrement devant une bonne assiette (et un verre de vin…) au « Petit Parc » de Ben-Ahin (Huy), chez José et Christine, où le soleil est plus généreux que les Fagnes arrosées plus de 180 jours par ans.
On dit que la nuit porte conseil, certes, mais rien de tel qu’un bon bol de Nature sauvage pour ravigoter toutes les cellules du corps humain à chaque fois que cela est possible…
Vincent Poitier, alias « le pensiologue. »
17 juillet 2025.
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