222 – Chronique rando: « #Dalhem, des pavés aux vergers… » (Province de #Liège, plateau de #Herve)

Facebook a ceci de bien, c’est qu’utilisé à bon escient, ce réseau social est une mine d’informations diverses. En l’occurrence, on y trouve des pages consacrées aux randonnées en Wallonie, avec mentions des points d’attrait, des degrés de difficultés, des balisages et qui plus est, des illustrations photographiques alléchantes.

Ce jeudi 26 décembre 2024, lendemain de Noël, le soleil point enfin sur la vallée mosane, ce qui fut rare ces derniers temps. Dalhem, à quelques encablures de la frontière hollandaise, nous appelle pour une randonnée d’environ 5 km (1h30 selon les auteurs du post Facebook). Un petit « décrassage » s’impose entre les deux réveillons. Go!

Je chausse mes lunettes solaires… Mal m’en a pris; après dix minutes de voiture, nous plongeons dans un brouillard dense qui rend le trajet de 50 km moins aisé qu’escompté.

Nous stationnons la voiture rue du Soldat Joseph Dethier face au n°21, à Dahlem, sur le parking aisé situé face à l’entrée du tunnel (1904) de l’ancienne voie ferrée 466A (cf photo d’en-tête). C’est la balise rectangle rouge qui nous guidera.

Dès la sortie de ce tunnel, une plaque commémorative mentionne la tragédie ferroviaire qui s’y joua le 5 octobre 1991. En effet, depuis le milieu des années 70, « Li Trimbleu », train touristique composé d’une locomotive et de trois wagons, reliait « Blégny Mine » à « Dalhem », en contrebas. Ce samedi là, 117 voyageurs prirent place à bord, alors que sept d’entre eux allaient périr…

Le conducteur, remarquant une anomalie de freins, stoppa sa machine après dix minutes de voyage, sans toutefois placer de sabot de freinage. Il se rendit à une ferme toute proche pour avertir ses responsables d’une défaillance (et oui, les gsm n’existaient pas encore). Le train, dépourvu de son conducteur, se remit en branle, précipitant lentement d’abord, puis prenant de la vitesse, vers l’inéluctable déraillement qui fit sept décès et des dizaines de blessés. Ce fut la fin définitive de cette activité touristique locale dont bon nombre de ma génération ont pu profiter dans leur enfance.

Nous reprenons notre balade, arpentant un sentier à forte déclivité qui nous mène au coeur du village de Dalhem, aux pieds du château érigé de 1912 à 1914, ceint de rues en vieux pavés. L’agglomération peuplée de 7700 âmes est perchée sur le plateau de Herve, et revêt un caractère ancien. Les deux grandes guerres mondiales y sont évoquées plus d’une fois.

Quittant la zone habitée via un sentiers rendu boueux par les dernières précipitations, nous accédons à une zone agricole. De grands vergers fondus dans le brouillard confèrent à la campagne un air quelque peu lugubre mais à la fois poétique.

Des hommes travaillent probablement à l’émondage des arbres fruitiers, tandis que nous « slalomons » entre les flaques d’eau et de boue, tentant d’épargner nos bottines. Nous empruntons finalement les bandes herbeuses détrempées mais moins spongieuses, tracées entre les lignes de fruitiers. Un véhicule « pick-up » nous rattrape et s’immobilise à nos côtés. Nous nous inquiétons de nous faire légèrement houspiller alors que le conducteur nous hèle, nous saluant chaleureusement et nous souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année et une bonne balade! Je lui réponds avec le même sourire que celui qu’il affiche, heureux et surpris de constater que l’humanité et la politesse sont plus répandues en milieu rural qu’urbain…

Nous retrouvons des habitations et notre attention est attirée par un groupe de daims nous toisant sans dédain derrière le grillage qui enceint leur pâture. Nous sommes au gîte « Le Terminus » (pouvant héberger au maximum 16 hôtes). Les cervidés, peu farouches, nous font le plaisir de quelques échanges de proximité, ce qui nous ravit… Depuis ce lieu, nous empruntons un ravel dont les rails, vestiges de l’ancienne ligne ferroviaire, demeurent encore, et achevons notre heure et demie de balade bucolique et « brouillardeuse« , terme employé par Laurence qui m’interroge sur sa pertinence de langage.

Nous regagnons le parking, plus que satisfaits de notre sortie, même si les écharpes et les gants ne furent pas un luxe.

Chaque saison offre ses merveilles. La nature, somnolente, nous signifie que l’heure est à l’état de veille, avant que ne remonte la sève. Cet état est également un peu l’apanage des êtres humains, trop souvent contraints à des cadences relatives au monde moderne et effréné, ce que l’on peut déplorer…

Et pourtant il faut vivre, ou survivre, chantait Daniel Balavoine… Personnellement, j’ai connu des cadences de folie durant trois décennies, et je préfère à présent sentir la vie, à l’extérieur comme à l’intérieur…

Et lorsque nous allons dans la nature, gardons à l’esprit que nous en faisons partie…

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

28 décembre 2024.

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