236 – Chronique rando:« Martelange, Balade du souvenir (ou presque…) » (La passerelle aux oiseaux – Province du Luxembourg)

Stigmatisée en août 1967 par une terrible catastrophe routière (Rombach) qui fit 22 morts, Martelange est surtout connue de nos jours pour ses nombreuses stations service et shops aux tarifs avantageux pour les belges.

Le Parc de la Tannerie (ancien site industriel), a été complètement aménagé pour la détente et la nature.

Une passerelle de 150 m de long surplombant la Sûre et nantie d’une tour d’observation en bois offre une vue intéressante à 360 degrés à plus de quinze mètres au-dessus des marais.

Plusieurs balades fléchées démarrent de la maison du tourisme, rue du Moulin.

Le jeudi 29 mai 2025, on se tape avec Laurence les 100 km incontournables pour aller voir ça. Bien sûr on fait le plein de la titine avant le « parkage » rue du musée.

Une charmante riveraine qui promène son chien nous accueille avec le sourire et quelques suggestions touristiques, ce qui augure une belle après-midi.

Ayant reconnu les lieux via la page FB « Balades wallonnes« , nous commençons la balade n°7 (balise verte) depuis la rue du Musée, balade qui devrait couvrir 7 à 8 km (balade du souvenir) mais en compte en réalité 20, ce que nous n’avons pas vérifié sur le panneau des départs à la maison du tourisme située au-delà de la passerelle (grave erreur et excès de confiance). Le bon balisage est soit la croix bleue soit la double croix bleue! (5 ou 8 km environ).

Nous gravissons, depuis le Parc de la Tannerie et ses étangs charmants, le sentier croix verte n°7 durant un bon moment. Enchantés par les piaillements des nombreux oiseaux se délectant du printemps, nous cassons la croûte sur un banc en bois au sommet de notre ascension « à froid » qui nous coupe déjà un peu les jambes.

Chaque randonneur ou vététiste que nous croisons nous salue, ce qui est souvent le cas en nature et c’est bien agréable. Ravigotés par notre lunch de 15 h, nous reprenons la progression, enivrés par les senteurs et fragrances du biotope local ainsi que les milliers de genêts (en paix) tapissant les abords des sentiers. Des chênes à profusion, des pinèdes dont l’odeur de l’humus nous chatouille les narines, c’est un régal pour nos sens en émulsion…

Le dénivelé commence à nous déconcerter, de même que les indications de nos podomètres. Nous avons parcouru près de 9 km et commençons à nous questionner quant au balisage vert n°7 très fourni, mais qui semble ne pas être celui que nous aurions dû suivre dès le départ (puisqu’il s’agit en fait des croix bleues…)

Le réseau téléphonique et la 4G est nul, et nous ne parvenons pas à nous localiser. Pas le choix, nous poursuivons, traversant une plaine de plus de dix hectares déboisée et arasée, ce qui est surprenant.

La réserve d’eau s’amenuise au fil des kilomètres et nous nous résignons à envisager notre erreur dont nous n’avions pas vraiment conscience jusque là. Le paysage est tellement beau que nous n’étions pas plus inquiets. Laurence attire mon attention sur un écriteau qui mentionne « la maison du parc » à 3h38′, ce qui devient réellement inquiétant.

Nous croisons enfin une route que nous traversons, apercevant un véhicule Land Rover Discovery gris métallisé stationné au bord du sentier. Nous ne tardons pas à rencontrer ses deux occupants quelques centaines de mètres plus loin. Laurence les questionne au sujet de notre fameux balisage vert n°7 et ces derniers, extrêmement sympathiques, prennent le temps d’examiner avec nous notre position. Ce couple d’âge mûr (comme nous…) semble bien connaître la région (ils sont d’Arlon) et nous confortent dans le fait que nous ne sommes pas arrivés, alors que nous avons parcouru plus de 11 km à ce moment. Il est 17h, ils nous proposent de nous reconduire à Martelange à bord de leur voiture, ce que je décline poliment (têtu et fier que je suis, alors qu’un autre écriteau indique encore 2h18′ jusque Martelange par les bois…) Nous les saluons et poursuivons à pied, alors que Laurence exprime discrètement quelques douleurs articulaires, ce que je comprends en sentant les miennes. Optimiste (de moins en moins tout de même), je suis décidé à repiquer vers Martelange dès que possible (5km à vol de pic épeiche).

Nous croisons une nouvelle route… Nous la suivons en consultant la carte sur smartphone (enfin un peu de réseau) et marchons vers l’arrivée à 5km. Je tends le pouce au passage (rare) de trois voitures, en vain.

Un Land Rover Discovery gris apparaît alors en face de nous et s’arrête à nos côtés. Dominique et Pascal, notre charmant couple croisé 45 minutes plus tôt, s’inquiétant de notre sort, a entrepris de vérifier si nous n’avions pas de regret quant à leur proposition initiale. Nous venons d’avaler le peu de liquide qu’il nous restait et nous acceptons le « lift » (ouf…)

18h, nous sommes revenus à la voiture, à côté de la fameuse passerelle, quatre heures après notre départ. Nous remercions chaleureusement nos bons samaritains et marchons jusqu’à la maison du tourisme, empruntant la superbe passerelle des oiseaux, et constatons de-visu notre erreur stratégique sur le panneau des départs de randonnées (que nous aurions dû consulter dès le départ).

Après vingt années de vie commune, nous en avons vu d’autres, mais les « cas de divorce » sont légion en ce bas monde, rions-nous rassurés à présent. 100 km de retour véhiculé nous conduiront naturellement attablés en l’un de nos petits restos hutois favoris devant une crapuleuse pizza et un pichet de vin rouge, débriefant notre aventure du jour tout en délaçant nos bottines.

Ce fût une belle journée malgré tout, ce que ne contrediront pas nos mollets de quinquas…

Merci Dominique et Pascal de Arlon! La chaleur humaine et la solidarité ne sont pas mortes!

Vincent Poitier, alias « le pensiologue »

30 mai 2025.

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